Revue de sociologie critique des pratiques et des représentations politiques, inscrite dans la lignée de la célèbre École de Francfort et d’Adorno, Tumultes offre un passionnant numéro consacré à l’œuvre du philosophe Günther Anders. Né en 1902 à Breslau, actuellement Wroclaw (Pologne), ce « philosophe de l’occasion », comme il se dénommait lui-même, ne cessa de penser la façon dont le monde nous échappe à mesure que la technique s’autonomise, le « »monde des hommes« tendant à se substituer au »monde des machines« ». Penseur du « temps de la fin » et de la « fin des temps », de Auschwitz à Hiroshima, de la bombe atomique à l’industrie culturelle, en passant par l’œuvre de Beckett, il fut également l’un des critiques les plus fins de Heidegger. Mari de Hannah Arendt jusqu’en 1937, cousin de Walter Benjamin, il émigre aux États-Unis en 1939 et ne reviendra en Europe qu’en 50 (il meurt à Vienne en 92). Incompris de Sartre, qui refusa ses articles pour Les Temps Modernes, seul, en France, André Gorz lira avec passion le futur auteur de L’Osolescence de l’homme (1956) et de Nous, fils d’Eichmann (1964), sa lettre adressée au bourreau nazi. En plus des inédits, on lira plusieurs interventions sur son amitié avec Adorno, sur la question de la cybernétique, sur sa position face à la Shoah et ses rapports intellectuels avec Arendt, jusqu’à la façon dont sa philosophie fait débat dans le contexte de la mondialisation.
Tumultes N°28-29 sous la direction de Christophe David et Karin Parienti-Maire, Kimé, 420 pages, 34 €
Poésie Anders, électron libre
février 2008 | Le Matricule des Anges n°90
| par
Emmanuel Laugier
Un livre
Anders, électron libre
Par
Emmanuel Laugier
Le Matricule des Anges n°90
, février 2008.