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Arts et lettres Le frottement de la lumière

juillet 2008 | Le Matricule des Anges n°95 | par Emmanuel Laugier

L' Instant et son ombre

Avec L’Instant et son ombre, Jean-Christophe Bailly offre une véritable pensée du phénomène photographique, de ses prémices jusqu’à ses développements contemporains. S’il ne faut pourtant pas s’attendre au panorama de son histoire, c’est que l’empreinte sur plaque sensible (et son futur négatif) est ici méditée à partir de trois photographies, l’une (de 1844) appartenant à une sorte d’origine du voir (dont Bailly acheta une reproduction sur carte postale), quand les suivantes (1945) sont, à plus d’un siècle de distance, trace de la fission atomique sur les villes d’Hiroshima et de Nagasaki.
On doit le premier des clichés à Henry Fox Talbot. Il montre une meule de foin lumineuse dans la campagne anglaise, sur laquelle repose une échelle que borde son ombre verticale. Les autres, anonymes, pris dans les heures qui suivirent les bombardements, sont deux témoins sans témoin de ce que la puissance de l’atome fracassé photographie en pulvérisant le monde alentour. Sur l’un deux, on s’aperçoit que l’ombre d’une échelle brûlée, volatilisée, se trouve avoir été imprimée sur le rideau baissé d’un magasin, comme le dernier frottement de la poussière des choses détruites. Si c’est d’abord par le jeu presque inconscient d’une mémoire collective que les photos de l’après-bombe s’imposèrent à Bailly et firent échos à celle de Talbot, toute l’importance de cet essai est d’avoir su articuler le souvenir que nous avons de ces images à « l’instant du danger » (Benjamin) qu’elles signalent ou contiennent. La meule, si paisible en apparence, n’y échappe pas, car de l’ombre portée de son échelle à celle gravée d’Hiroshima, il est question de l’exposition, de la comparution d’un monde, de ce qui en lui faillit, disparaît, entrecroise absence et présence. Confronte à une fin et à ce qui, dans sa proximité, sauve et rend le rapport à la mémoire vivant.

L’Instant et son ombre de Jean-Christophe Bailly
Le Seuil, « Fiction & Cie », 156 pages, 16

Le frottement de la lumière Par Emmanuel Laugier
Le Matricule des Anges n°95 , juillet 2008.
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