Ça doit venir du chiffre « trois » qu’on trouve dans le titre du nouveau roman de Christian Oster, mais on pense immanquablement aux paroles d’Henri Colpi que chantait Yves Montand : « Trois petites notes de musique ». Ça vient peut-être aussi du ton qu’emploie Christian Oster, cette manière détachée avec laquelle il détoure les silhouettes de ses héros. Ici, ils sont trois, le compte est bon. Serge, le narrateur, reçoit un appel téléphonique de la femme qu’il a aimée, qu’il aime toujours. Elle l’invite en Corse pour les vacances et le prit de lui apporter la chaise qu’elle lui avait laissée et qui appartenait à son père. Serge accepte, mais se prémunit de la crise cardiaque en proposant le voyage à Marc, qui n’est pas vraiment un ami, juste, et depuis peu, un partenaire de tennis. Ce dernier accepte, mais propose à son tour que se joigne à eux Cyril Kontcharski, qui fut funambule, est aujourd’hui banquier, que Serge ne connaît pas. C’est d’accord. Les voici en voiture, partis de Paris pour le Cap Corse. Peu d’événements et des dialogues parcimonieux ponctuent une narration où les subjonctifs font comme des politesses. Ces hommes-là sont seuls, et peut-être comme Serge, pensent-ils que vivre « est une ambition stupide ». Il y a quelque chose de tendrement burlesque dans leur périple qu’on suit avec un plaisir léger (malgré la théorie des « dis-je » et « dit-il » qui assomment parfois). Peut-être d’ailleurs la qualité de ce livre en fait-elle aussi son défaut. Le roman s’accommodant d’une certaine futilité. On aimerait que Christian Oster donne plus d’ambition à son indéfectible pouvoir de suggestion : « Il fit des gestes et me parla comme s’il les légendait, un peu au-dessous d’eux. ».
TROIS HOMMES SEULS
de CHRISTIAN OSTER
Editions de Minuit, 173 pages, 13 €
Domaine français Trois hommes seuls
septembre 2008 | Le Matricule des Anges n°96
| par
Thierry Guichard
Un livre
Trois hommes seuls
Par
Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°96
, septembre 2008.