Steeborough est un joli petit village de la côte est anglaise, et il est, par le jeu de chapitres alternés, le théâtre de deux intrigues situées à quelque cinquante ans d’intervalle. 1953 : Max, un jeune peintre qui vient de perdre Kaethe, la sœur qu’il adorait, se rend à Steeborough et s’installe chez Gertrud, femme mûre, psychanalyste pour enfants et qui fut une amie proche de Kaethe. Il y traîne son mal-être jusqu’au jour où vient s’installer un couple, le talentueux architecte Lehmann – souvent absent en raison des importants projets qui lui sont confiés – et sa ravissante épouse, Elsa, pour laquelle Max éprouve un violent et réciproque coup de foudre. Un demi-siècle plus tard, Lily, une jeune Londonienne, étudiante en architecture, s’installe à son tour à Steeborough pour sa thèse, afin de retrouver la villa de Lehmann et analyser les lettres qu’il adressa à son épouse. Frustrée dans sa relation avec son amant, resté à Londres pour le travail et peu pressé de la rejoindre, elle cède au charme un peu bourru du voisin… La Maison mer possède une certaine séduction : la trame du roman menée sur deux époques, avec son lot de correspondances et de révélations, n’est pas très originale en termes de procédés, mais fonctionne bien ; et les paysages, décrits avec soin, évoquent joliment la campagne anglaise et ses « champs de blé blond ondoyant au vent, et les bas-côtés piquetés de coquelicots rouges et orange aux cœurs noirs, beaux comme des yeux… » Et puis, il y a les deux histoires d’amour, frémissantes, sensuelles – où le désir est une « sorte de malaise », une « douleur fugace » – rendues crédibles par une écriture précise et juste. Il n’y a pas d’audace dans le style d’Esther Freud, mais on lit avec un plaisir immédiat ce récit so british.
La Maison mer
Esther Freud
Traduit de l’anglais par Dominique Kugler,
10/18, 362 pages, 7,90 €
Poches La maison mer
octobre 2008 | Le Matricule des Anges n°97
| par
Delphine Descaves
Un livre
La maison mer
Par
Delphine Descaves
Le Matricule des Anges n°97
, octobre 2008.