La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Domaine français Nullipare

novembre 2008 | Le Matricule des Anges n°98 | par Richard Blin

C’est Philippe Muray qui disait que la littérature est « la miraculée du vouloir-l’enfant », « ce qui est sauvé du déluge de demande d’enfants ». Jane Sautière n’a jamais voulu d’enfant, elle est nullipare, et dans le livre qui porte ce titre, elle interroge cet « ahurissant mystère de ne pas avoir d’enfant ». D’être restée indivise. Elle le fait courageusement tant le totem de la mère est indéboulonnable, non-ironisable, et l’image de la femme sans enfant toujours entachée de sous-entendus peu flatteurs.
Réfléchir à la maternité, c’est toucher au sexe, à la mort, à la naissance c’est-à-dire aux limites, à l’origine. Elle en parle avec pudeur et profondeur, Jane Sautière. De sa naissance à Téhéran, de sa mère qui a perdu deux enfants avant de lui donner la vie. De ce qu’elle entend derrière « nullipare », une femme « de nulle part », un ici sans ailleurs alors que c’est plutôt « l’ailleurs sans ici » qui la caractériserait. Petite fille, elle voulait être un cheval, plus tard, elle refusera de manger, ce qui était déjà une manière de refuser l’enfantement, « ce qui fait corps ». Une forme de révolte « à bas bruit » qui l’a fait résister à cette forme de soumission à l’ordre du monde qu’est la reproduction. « Faire du même avec soi, je ne saurai pas (…). J’ai préféré l’étranger, le lointain, le dissemblable ». Flaubert, lui, parlait d’une « protestation du cerveau contre la matrice ».
Et puis il y a l’écriture - rappelons-nous de Fragmentation d’un lieu commun (Verticales, 2003) -, le livre, dont la gestation ressemble à celle d’un enfant. Le corps, surtout, si ingénieusement agencé, modelé, programmé pour faire des enfants. Un corps qui peu à peu rentre dans le dernier temps de son âge, et qu’elle regarde sans angoisse, parce qu’elle le sait mortel, tandis que le corps de son enfant ne mourra pas parce qu’il n’est pas né. Un livre d’un très grand tact pour célébrer l’amour de la vie.

Nullipare
de Jane Sautière
Verticales, 152 pages, 12,90

Nullipare Par Richard Blin
Le Matricule des Anges n°98 , novembre 2008.
LMDA PDF n°98
4,00