Lettre de Louis Bouilhet à Flaubert : « Dumas, en chemise, met la main à la pâte, fait une omelette fantastique, rôtit la poularde au bout d’une corde (…), coupe l’oignon, remue mes chaudrons, jette vingt francs aux marmitons et prend les gros tétons de la cuisinière reconnaissante ». Et, quoique ruiné et à demi paralysé, s’attelle à un Grand dictionnaire de cuisine, qui paraîtra après sa mort, en 1873. Au presque bout d’un siècle bourgeois et gastronome, rien ne semble y manquer, à en juger par cette réédition (nécessairement) abrégée : confection du sandwich, soins à administrer en cas de brûlure, anecdotes historiques et leçons d’étymologie, en passant par le jaillissement des souvenirs (« Je tuai donc un lièvre branché, comme j’aurais fait d’un faisan ou d’une gélinotte ») et quelques saveurs rares : « Prenez un ou plusieurs pieds de jeunes éléphants, enlevez la peau et les os après les avoir fait dégorger ». On peut faire quelques plongeons dans la marmite, où s’aperçoivent quand même quelques fissures, comme quand Alexandre vient à éluder la question des profiteroles. « Ce gâteau se trouve chez tous les pâtissiers des grandes villes. Nous ne croyons pas devoir en donner la recette » : ça sent le coup de barre.
Poches Ante Maïté
juin 2009 | Le Matricule des Anges n°104
| par
Gilles Magniont
Un livre
Ante Maïté
Par
Gilles Magniont
Le Matricule des Anges n°104
, juin 2009.