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Textes & images Privés de bulles

février 2010 | Le Matricule des Anges n°110 | par Gilles Magniont

Deux inédits viennent enrichir la bibliothèque des bambini, pour les faire rêver de pantins de bois et de Rome éternelle.

Antonio Rubino : Maestro italien de la bande dessinée enfantine

À quelques adaptations mémorables du conte de Carlo Collodi, on peut désormais ajouter celle de Benito Jacovitti (1923-1997). L’homme, d’une prolixité fameuse, a composé quatre versions du Pinocchio ; la deuxième, publiée en 1946 dans l’hebdomadaire catholique Il Vittorioso, est aujourd’hui exhumée par les éditions Les Rêveurs. Ce sont trente et une planches remplies jusqu’à la gueule de cases et de détails (et donc bien servies ici par le format 27x38cm), inventives dans le rythme comme dans la composition ou la couleur, habiles à la tension dramatique comme à l’exubérance - c’est quand même cette dernière qui semble prendre le dessus, Jacovitti atténuant les noirceurs du récit originel pour adopter, selon les termes d’un spécialiste cité en préface, un ton « allegretto ma non troppo ». Mais au fait, de quoi parlons-nous ? Si ce Pinocchio paraissait aujourd’hui, comme la narration et les dialogues sont relégués hors du dessin, on rangerait sans doute cette œuvre au rayon des albums jeunesse et non dans celui des bandes dessinées : mais c’est que celle-là fut composée pendant la seconde guerre, quand le Ministère de la propagande voyait d’un assez mauvais œil les phylactères, censément stigmates de la culture américaine.
On connaît moins Antonio Rubino (1880-1964). Pourtant, à en croire l’anthologie proposée par Actes Sud-l’An 2, il demeura longtemps le « maestro italien de la littérature enfantine ». Dans ses œuvres, une légende accompagne sagement chaque vignette, toujours sous la forme d’octosyllabes à rimes plates, contrainte que Rubino popularisa. La sélection de planches empruntées à diverses séries permet d’observer l’évolution d’un dessin qui suit les impulsions du temps, depuis l’obsession géométrique voisine du futurisme jusqu’aux traits arrondis et stylisés évoquant les cartoons, en passant par des arabesques florales typiques de l’Art Nouveau. La grande Histoire, aussi, vient faire quelques incursions, Rubino ayant travaillé pour le journal Il Ballila, outil du parti fasciste, et conçu les aventures de Lio et Dado, pimpants bambins qui célébraient les douceurs totalitaires. Ce qui nous vaut des vers d’anthologie : A la bataille du blé / Dado veut participer, Tant que la mer est italienne / Tout est santé petit soldat, En ce grand jour qu’il idéalise / Devant le Duce il défilera… Rubino fut directeur du magazine Topolino : ainsi l’Italie rebaptisait-elle Mickey, petite souris qui paraît-il, plaisait au Duce - c’est en tout cas ce que vient de révéler Romano Mussolini, qui indique par ailleurs que son père avait eu une rencontre très amicale avec Walt Disney, à Rome, en 1935. Lequel Disney sort son Pinocchio cinq ans plus tard. Le monde est petit.

Pinocchio de Benito Jacovitti
Traduit de l’italien par Catherine Siné,
Editions Les Rêveurs, 42 pages, 22

Antonio Rubino - Anthologie traduite de l’italien par Eve Duca,
Actes Sud-l’An 2, 128 p., 21

Privés de bulles Par Gilles Magniont
Le Matricule des Anges n°110 , février 2010.
LMDA papier n°110
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