Les éditions Libertalia ont trois lieux de vie : à Paris, rue Voltaire, au Centre international de culture populaire où est établi leur siège ; rue des Vignoles, à la CNT, quartier général de l’anarcho-syndicalisme. Enfin à Montreuil où naissent les livres, non loin du hangar de La Parole errante cher à Armand Gatti. Sur leur blog, cette phrase de Brecht : « Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu ». Libertalia, c’est une « colonne vertébrale » de trois personnes : Nicolas Norrito, Charlotte Dugrand et Bruno Bartkowiak. « On ne veut pas gagner de l’argent avec la maison d’édition. On bosse à côté. C’est un gage de pérennité », explique le premier, prof de lettres dans un lycée. Aussi à l’aise sur scène (ex-bassiste) que sur un ring (douze ans de boxe thaï). « C’est un touche-à-tout », dit Charlotte, pigiste-correctrice chez Prisma. Après un IUT métiers du livre à Aix-en-Provence, elle a cofondé les éditions Egrégores. Bruno, graphiste toulousain, complète l’équipe.
Les livres que le trio publie montrent une fascination pour les textes de combat. À coups de rééditions ou d’inédits - balayant les champs de l’essai, de la fiction et du pamphlet. Libertalia explore les marges - et donne voix aux réfractaires. Ressort les mémoires de bagne de l’ancien de la Bande à Bonnot, Eugène Dieudonné, s’enthousiasme pour Jack London et Gaston Leroux, se moque de Finkielkraut, décortique les mécanismes de La Terrorisation démocratique. Et frappe juste quand elle rassemble les chroniques d’un saisonnier de la misère, Thierry Pelletier (La Petite Maison dans la zermi), accompagnées par une quinzaine de dessinateurs. Il y a du muscle et de la colère dans ce catalogue, poussé par les vents de l’utopie pirate. L’action libertaire se nourrit du proche et du lointain : ici à Vincennes avec les sans-papiers, là en Palestine, en Inde, ou au Chiapas. Rencontre avec deux voyageurs, Nicolas et Charlotte, sous le signe du « on », porte-parole d’une aventure collective.
Le premier livre de Libertalia sort en février 2007. Quel était le projet de départ ?
On publiait déjà un fanzine de contre-culture, Barricata, bien diffusé dans la scène musicale punk/rock et rap. Pendant les concerts, on souhaitait mettre sur nos tables de presse des bouquins qui nous plaisaient. Et il y eut ce coup de cœur pour la nouvelle de Jack London, Le Mexicain. L’histoire de ce petit boxeur révolutionnaire qui combat pour financer l’achat de 5000 fusils permettant de renverser le dictateur Portfirio Diaz. On s’est dit : puisque personne ne le réédite, on s’en charge. Notre culture, c’est « Do it yourself ». On a donc lancé la maison d’édition sans réfléchir et sans un euro. Le père d’un copain, Jean-Pierre Siméon, nous a donné quelques conseils…
Pourquoi cette grande place accordée à l’illustration ?
Au début, la maison d’édition s’est beaucoup reposée sur Barricata. Notre héritage, c’est la bande dessinée et la...
Éditeur Des murs à abattre
mars 2010 | Le Matricule des Anges n°111
| par
Philippe Savary
Le drapeau noir flotte sur Libertalia, jeune maison d’édition pleine de ressources. C’est une terre d’accueil ouverte à la culture alternative et aux paroles insoumises.
Un éditeur