Poids lourd du journalisme italien, Alberto Cavallari (1927-1988) s’est aussi illustré par quelques livres. Avec fougue et talent. Dans celui-ci, l’exercice d’écriture - raconter les derniers jours de Tolstoï - n’était pas des plus faciles tant les sources sont contradictoires. Car il s’agit bien d’une reconstruction étayée dans la mesure du possible par des témoignages. Pourquoi l’écrivain a-t-il pris la fuite une nuit d’octobre 1910 ? La réponse est là (en partie seulement, puisque une vie ne saurait se donner tout à fait), dans cette centaine de feuillets, chronique d’un échec annoncé. Dans cette évocation du patriarche des lettres russes, le lecteur suit Tostoï à la trace, un train après l’autre. Cette fuite, comme du reste toute fuite, est une suite de soubresauts et d’inquiétudes qu’entrecoupent de rares moments d’apaisement. Au-delà du personnage imposant de l’écrivain mythique, c’est tout son univers psychologique qui, sous la plume de Cavallari, revit avec justesse.
La Fuite de Tolstoï
d’Alberto Cavallari, traduit de l’italien par Jean-Paul Manganaro et Camille Dumoulié, Christian Bourgois, 107 pages, 6 €
Essais Le fugitif
mars 2010 | Le Matricule des Anges n°111
| par
Anthony Dufraisse
Un livre
Le fugitif
Par
Anthony Dufraisse
Le Matricule des Anges n°111
, mars 2010.