Esthétique de la course à pied

S’il court souvent, le Suisse Daniel de Roulet n’est pas pour autant un homme pressé. L’écrivain s’inscrirait plus volontiers dans la famille des plumitifs flâneurs, tant l’activité pédestre libère chez lui l’art de l’observation : celle des paysages autant que celle de ses semblables. Ses courses sont à l’opposé des textes recueillis ici : elles sont longues, semi-marathoniennes parfois, ils sont brefs et n’excèdent pas souvent les cinq pages. Elles nécessitent du souffle et un goût pour la souffrance, ils se lisent d’un trait dans cet épicurisme léger que génère parfois une expression bien venue.
D’une course en Bourgogne, d’un repérage à La Rochelle, d’un entraînement urbain ou bucolique, l’écrivain ramène des moments brefs que sa douce ironie parfois éclaire d’un trait. Si la foulée est légère, de Roulet atteint, à l’évocation de Louis Pergaud et des tranchées de 14-18, une profonde gravité. C’est qu’on peut courir à travers l’Histoire.
Esthétique de la course à pied de Daniel de Roulet
(photographies de Jacques Pilet), Éditions Virgile, 150 pages, 15 €