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Domaine français Au nom du père

juillet 2010 | Le Matricule des Anges n°115 | par Lucie Clair

La Langue maternelle

C’est une figure - de style tout d’abord, mais comme chacune, riche de vérités profondes - dont Marie Cosnay s’empare. Le père est mort, l’ouvrage s’ouvre sur un enterrement - est-ce le sien, ou celui inventé (secrètement espéré) ? Le père - ou plutôt, donc, sa « figure » - est (devrait être) cet absolu : ordre, autorité, interdits édictés, qui s’incarnent aux yeux d’une petite fille, et aussi, celui qui la conduit, la protège, la rassure, l’aide à grandir - tout simplement l’aime. « Si au jour de la mort de mon père j’avais toujours rêvé de connaître l’amour, je suis aujourd’hui bien déçue, il faut me rendre à l’évidence que l’amour il n’y en a pas, pas le moindre signe d’amour, pas un homme purifiant les crues du passé, pas un dont la voix serait étrangère et douce polie comme un galet - les bords émoussés les bords de la voix comme le restant de l’homme émoussé, pas un homme ni un amour. » Parole d’enfant, celle qui reste lovée secrète au plus intime de chacun. Parole triste des chagrins inconsolables, et qu’une voix intérieure parvient pourtant à traverser, la voix de La Langue maternelle, langue des abysses, langue recomposée, musicalité de l’être, langue que l’enfant s’invente pour mieux se materner, se bercer de la douceur absente, « voir par-delà le père, voir dans les flammes orangées » - échapper à l’effondrement.
Une langue « faite de consonnes labiales et pas une voyelle, pas une seule. C’est une langue imprononçable », sortie de la gangue d’une langue paternelle vorace, qui claquemure et violente - l’homme si souvent danger pour Marie Cosnay revient ici sous sa figure d’ogre - homme et père dont la seule langue est celle des « rêves dégradés, l’héritage de la honte, coquille de famille, locutions de famille, paroles et mots de passe de famille, honte de famille ». Murmure et cri tout à la fois, la langue de l’enfant - en apparence aussi absurde et vaine que les « propriétés » de Michaux, et pourtant tout aussi fertile - est la langue unique du poète, et du survivant.

La Langue maternelle de Marie Cosnay
Cheyne éditeur, 76 pages, 15

Au nom du père Par Lucie Clair
Le Matricule des Anges n°115 , juillet 2010.
LMDA papier n°115
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