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Histoire littéraire Joyeuse vérités

juillet 2010 | Le Matricule des Anges n°115 | par Chloé Brendlé

Deux recueils d’articles de G. K. Chesterton, datant de 1905 et 1908, rappellent l’esprit vif de ce maître en paradoxes.

Hérétiques

Orthodoxie

Gilbert Keith Chesterton ? Rien de moins émoustillant en apparence : un vieil Anglais débonnaire du siècle dernier, né au siècle avant-dernier, chrétien converti dans les années 20, et écrivain polygraphe tout au long de sa vie. Critique d’art, poète, apologète du christianisme, polémiste pour le Daily News, auteur des Enquêtes du père Brown, inventeur de la théorie économique du distributisme… Bref, un excentrique, comme il se doit. Un siècle et quelques poussières plus tard, Climats publie un diptyque aux noms peu affriolants, Hérétiques, et Orthodoxie. Dans le premier opus, Chesterton s’en prend à ses contemporains, (qui sont aussi bien Kipling, Darwin et consorts, la presse à sensations, le chauvinisme ou… l’anthropologie), venus à en douter non plus d’eux-mêmes mais de la vérité. Dans le second, il livre un témoignage beaucoup plus personnel de sa foi et de sa philosophie.
Rien de plus démodé en apparence comme lecture ; rien de plus salutaire en réalité que l’enchaînement de paradoxes et de rapprochements de prime abord incongrus, qui font la saveur si particulière des écrits de Chesterton. Si vous voulez comprendre pourquoi ce qui « rétrécit le monde », n’est pas la présence de limites, mais son absence, pourquoi Smith est le nom propre le moins commun et le plus poétique qui soit, si vous voulez connaître le rapport entre Nietzsche et les Bow Bells Novelettes (bluettes anglaises avec pour héros des aristocrates), savoir pourquoi Omar Khayy ? m a l’ivresse triste et rationnelle, ou encore pourquoi « Les vérités se transforment en dogmes dès qu’on les met en doute », ces deux livres sont indispensables, surtout Hérétiques. Dans ce recueil d’articles, Chesterton s’élève avec une ironie et une alacrité sans pareilles, contre un esprit fin de siècle désenchanté et blasé, et les impasses de la libre-pensée, condamnée à s’enferrer dans ses chausse-trapes rationalistes. Il déplore la grisaille d’une société où le besoin de croyance s’est reporté sur la science du détail. Toute ressemblance avec notre contemporanéité pinailleuse n’est pas fortuite ; pour s’en convaincre, il suffit d’ouvrir n’importe quel journal, de regarder la profusion des commentaires sur internet qui ne font qu’exalter le ressentiment et les petites différences de ce qu’il convient d’appeler des « petites personnes », ou de voir Michel Onfray éreinter, après d’autres indéboulonnables figures, Freud (quoiqu’on ne se prononce pas sur l’opinion de Chesterton sur la psychanalyse…).
Notre atypique polémiste, pour lequel les véritables sujets de plaisanterie sont les sujets sérieux, démontre la supériorité des contes de fées sur les romans des bas quartiers et en appelle à un optimisme selon lui révolu depuis belle lurette. Sans mépris ni dogmatisme, mais tout en finesse et en traits d’esprit. Du grand art. Pour peu que l’on prenne le temps d’écouter le timbre si singulier de cette voix, on ne saurait taxer l’auteur d’illusionnisme ou de mauvaise foi : c’est qu’il faut ici et là s’y reprendre à deux fois pour le suivre dans ses raisonnements inouïs. Tout en arguant que les vertus chrétiennes de la foi, l’espérance et la charité sont bien plus joyeuses que la justice et la tempérance rationalistes, et que le christianisme est un formidable réservoir d’images pour le romanesque, ce que Chesterton critique, c’est le manque d’imagination de la modernité. On n’en sort peut-être pas converti, mais convaincu en tout cas par le manque de joie et de complexité du monde contemporain, le besoin d’enthousiasme et de vrais satiristes…
Les deux livres de Chesterton défendent la nécessité d’une philosophie générale, et non pas de la dilution de l’esprit dans des peccadilles, ainsi que l’urgence du rire. D’ailleurs, Orthodoxie finit sur l’hilarité du Christ…

Hérétiques et Orthodoxie
de Gilbert Keith Chesterton
Traduits de l’anglais par Lucien d’Azay, Climats, 272 et 255 pages, 20 chaque

Joyeuse vérités Par Chloé Brendlé
Le Matricule des Anges n°115 , juillet 2010.
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