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Poésie La Face nord de Juliau onze, douze

juillet 2013 | Le Matricule des Anges n°145 | par Emmanuel Laugier

La Face nord de Juliau onze, douze

Le premier volume de La Face nord de Juliau (1988), sous-titré « tombeau de Cézanne », précisait clairement qu’il s’agissait de faire avec le mont Juliau (Ardèche) ce que Cézanne fit avec la Sainte Victoire : c’est-à-dire travailler sur le motif et sur ce qui ne cessera de s’étoiler à partir de lui seul. La vocation de se plonger dans la masse silencieuse (en apparence), organique, de Juliau (entreprise dès 1981), accompagne depuis plus de trente ans en écriture Nicolas Pesquès, comme si sa seule finalité était de l’excrire, d’être au plus près de son dehors. Mais pour cela, il faut que le leurre cratyléen d’une adéquation entre les mots et les choses explose. C’est tout le travail (d’ignorance) du poème que de vérifier que l’on n’écrit jamais que dans le mouvement de la séparation : car « on veut que la séparation nous aime », qu’en cette séparation une juste distance règle la description et la perde, la donne et la refuse.
L’enjeu de Juliau (onze, douze) pousse encore davantage le questionnement vers la (sa) disparition. La couverture noircie au fusain avertie d’emblée : nous entrons dans la nuit de Juliau, dans ses noirs, dans ce qui s’y aveugle et dans ce qui impossiblement se refusera toujours au langage, que cela se nomme par le mot de « fin », d’extinction, de mort. Juliau avait été multiplement vue sous le prisme de couleurs, dont le jaune éclatant des genets venait comme faire jouir l’œil et couvrir l’écriture de sa pulsion scopique solaire. Ici elle est une masse impénétrable de noir goudronneux, une surface glacée de jus noir, une coulée de nuit à éclairer. Ici s’ouvre Juliau comme « branche imbibée d’encre », Juliau « comme un savon de nuit », « une fosse d’immémoire », « le même noir matiéré, muré ». La Face nord de Juliau, d’abord suivie en un journal (J11), puis machinée en bandeaux de proses réfléchissantes, ne s’arrête pourtant pas là. Entre ces deux temps, son auteur précise la résonance qu’y fit la disparition de « la » mère : tout y devenant alors nuit, cécité et passage vers un impossible langage. Un impossible dont le poème fit sa corde roide, pour pouvoir, à la fin, « replonger dans le tunnel de la diction ».

E. L.

La Face nord de Juliau onze, douze
Nicolas Pesquès
Flammarion, 228 pages, 18

Le Matricule des Anges n°145 , juillet 2013.
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