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Histoire littéraire He had a dream

mars 2014 | Le Matricule des Anges n°151 | par Jean Laurenti

Le poète, musicien et chanteur Gil Scott-Heron retrace son parcours dans l’Amérique des années 60 à 80. L’occasion de (re)découvrir un artiste majeur.

La parution posthume de La Dernière Fête est l’occasion de s’aventurer dans l’univers d’un artiste dont l’œuvre et l’engagement n’ont pas aujourd’hui un grand retentissement. L’écoute d’un album de Gil Scott-Heron – Winter in America ou Reflections, par exemple – en marge de la lecture de ce récit autobiographique, nous rappellera que quelques-unes de ses compositions ont contribué à nourrir la bande-son de notre adolescence. Gil Scott-Heron est de ceux qui se sont associés aux combats des Noirs aux États-Unis, dans le sillage du Mouvement pour les droits civiques. La conscience politique de cet artiste est à rattacher du côté de l’enracinement familial dans le sud des États-Unis, même si lui-même est né plus au Nord, là où ses parents se sont rencontrés et ont eu une brève vie commune : « le matin du 1er avril 1949, au Provident Hospital de Chicago, dans l’Ilinois, une très jolie Noire qui s’appelait Bobbie Scott (…) a donné le jour à un “garçon noir, légitime”, selon la formule de l’époque. » Le couple se sépare quand le petit Gil est âgé d’un an et demi : Gil Heron, son père footballeur doué, saisit l’opportunité que lui offrent les dirigeants du Celtic de Glasgow de démarrer une carrière en Europe. Gil Jr est envoyé à Jackson, chez sa grand-mère maternelle, Lily Scott. Prévu pour durer quelques mois, le séjour à Jackson, Tennessee, le berceau familial, entre Memphis et Nashville, durera six mois. À Jackson on regarde vers Memphis : « Sa fondation répugnante en quartier général des putes et de la vente d’êtres humains au plus offrant s’est dissipée par la magie du brassage musical », grâce aussi aux « disques Sun », « à Elvis, au rock’n’roll ». Ce détour est aussi l’occasion pour Gil Scott-Heron de rappeler une source majeure de son combat et la motivation première de l’écriture de son livre : « c’est à Memphis que le Dr Martin Luther King Jr fut abattu sur le balcon d’un motel le 4 avril 1968. Cet assassinat est un de nos points de départ. Stevie Wonder ne l’a pas oublié. » Au côté de ce dernier, lors d’une tournée de plusieurs mois en 1980-1981 Gil Scott-Heron, alors au sommet de sa carrière artistique, soutiendra l’action menée par un groupe de congressistes noirs pour que la date anniversaire de la naissance de Martin Luther King devienne un jour férié. Elle aboutira en 1986. L’élection de Reagan et l’assassinat de John Lennon sont les deux événements malheureux qui scanderont cette tournée. Dans la longue section du livre consacrée à cet épisode, Gil Scott-Heron dira souvent la profonde admiration que lui inspire l’auteur de « Happy Birthday », le « Blind Boy », son « frère » Stevie.
La Dernière Fête offre à son auteur l’opportunité de rappeler combien les mots ont été des compagnons précieux de son existence. Dès son plus jeune âge, sa grand-mère Lily Scott, qui lui a enseigné la lecture, l’a familiarisé avec toute sorte d’écrits, du Chicago Defender, l’hebdomadaire de la communauté noire, à la Bible : « l’Ancien Testament était truffé de noms à rallonge qu’il fallait prononcer et qui m’apprirent la phonétique. » A la mort de Lily, Gil et Bobbie, sa mère, iront s’installer à New York. La vocation précoce du futur virtuose du « spoken word » – scansion poétique dont devaient fortement s’inspirer les rappeurs – s’affirme ainsi dans la chambre du Bronx où il passe le plus clair de son temps « à écrire des nouvelles et des essais ». Il y aura ensuite l’entrée à l’Université Lincoln et très vite la publication de son roman, Le Vautour, et de son recueil de poèmes, Small Talk. Les premiers disques aussi, sous le label de Bob Thiele, le producteur de John Coltrane. Le début d’une carrière d’une grande fécondité artistique dont le récit n’aborde pas la dernière partie. On citera tout de même ici l’album paru quelque temps avant la mort de Gil Scott-Heron en 2011, le bref et magnifique I’m new here qui reprend certains textes de La Dernière fête.

Jean Laurenti

La Dernière Fête
Gil Scott-Heron
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Stéphane Roques
L’Olivier, 303 pages, 23

He had a dream Par Jean Laurenti
Le Matricule des Anges n°151 , mars 2014.