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Théâtre Danser la vie

mai 2015 | Le Matricule des Anges n°163 | par Patrick Gay Bellile

Et si l’avenir était une fête ? Le bonheur, vu par Mariette Navarro, en six pièces.

Les Feux de poitrine

Il faut commencer la lecture du livre par l’avant-propos d’Anne Courel, directrice licenciée du Théâtre Theo Argence de Saint-Priest. C’est elle qui a sollicité Mariette Navarro pour venir travailler avec l’équipe de La Fabrique : « chantier de création ouvert sur la ville, s’inventant avec les gens au cours de réunions publiques, il avait pour objectif de tisser du lien entre des auteurs, des artistes et des habitants sur scène et en coulisse, autour de pièces à jouer, à voir, à lire, reliant au quotidien la programmation à des ateliers participatifs gratuits, ouverts à tous. » Tout un programme… Les dernières élections municipales ont mis fin à cette utopie en acte, le nouveau maire reprochant à Anne Courel une programmation trop contemporaine et pas assez proche des gens. Il faut se reporter au bel article de Barbara Métais-Chastanier paru dans Libération le 1er décembre 2014 pour décrypter les faits et les propos tenus. L’équipe de La Fabrique décide donc en 2013 de travailler sur le thème du bonheur. Et en 2014, Mariette Navarro accepte de devenir l’auteure du projet. Le résultat, c’est Les Feux de poitrine, qui paraît aujourd’hui, et que l’auteure appelle des Nouvelles Théâtrales. Six petites pièces donc, six fêtes pour rester vivants. Et ces textes qui parlent à l’envie de la fête, de toutes les fêtes, en sont une également. Portés par une écriture légère, joyeuse, pleine d’humour et d’envie de rire, ils adressent au monde un regard souriant. Et racontent une envie pressante : « On rehausse tout d’un ton, on rend tout encore plus beau, encore plus vif, encore plus vrai. Le bleu on le rend plus profond. Le blanc, on le rend plus brillant. » Une urgence aussi : celle d’une jeunesse qui n’a pas peur de ses rêves et de ses utopies, qui s’attendrit « d’un pont ou d’une plage, un endroit qui a du charme où on peut mettre les pieds dans l’eau » et qui remplirait le ciel de ballons si c’était encore possible.
Tout commence par « La Fête du Retour » ou comment tout changer sans rien casser, et remplacer les meubles anciens par les mêmes mais en plus neufs. Pour accueillir celui qui revient, encore blessé peut-être, celui qui nous fait faire du souci et pour qui l’on danse. « La Fête des Neiges » ensuite, dont les enfants réécrivent la marche du monde à condition que tout le monde joue. Et puis « La Fête du plus Beau Jour de notre Vie » ou comment décider d’être heureux et « pour cette date faire le pari de l’incroyable. ». « La Fête Électrique » est pour Mariette Navarro l’occasion d’un bel exercice d’écriture : énumérer toutes les composantes d’une fête depuis son début (« les débardeurs, les sueurs, les parfums bon marché pour hommes adolescents, les parfums bon marché pour femmes adolescentes, les maquillages bon marché, les barrettes, les gourmettes  ») jusqu’aux « corps enlacés, les corps seuls, les voisins levés tôt, les voix dans la rue, la bouche sèche, le repas du dimanche. » Et puis c’est « La Fête du Petit Matin » et son désir de vivre à deux les heures blanches de l’aube. Et enfin « La Fête du Feu », véritable apothéose, point culminant des rencontres entre les êtres, les jeunes, les vieux et les bébés, comme un immense happening animé par le désir illimité d’être ensemble et de partager le bonheur inouï d’être vivant. Comme un nouveau monde à découvrir à côté de nous, si proche, si simple qu’il suffit peut-être d’ouvrir les yeux pour y croire.
À une époque où les textes ont plutôt des couleurs grises, sombres et même noir foncé, et l’on peut comprendre pourquoi, cela fait tout de même un bien immense de voir ou d’imaginer ce groupe de jeunes gens vouloir faire la fête, de manière parfois un peu volontariste, mais avec l’idée que tout est possible, que le monde s’invente chaque matin et que chacun peut y prendre sa part. « Et demain ? Demain on attendra le lever du soleil. On ne le laissera pas repartir de sitôt. »

Patrick Gay-Bellile

Les feux de poitrine
de Mariette Navarro
Quartett, 96 pages,11

Danser la vie Par Patrick Gay Bellile
Le Matricule des Anges n°163 , mai 2015.
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