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Entretiens Au cœur des ténèbres

septembre 2015 | Le Matricule des Anges n°166 | par Thierry Guichard

Explorant les relations entre l’Occident et l’Orient par le prisme éclairé de la culture et de l’Histoire, le nouveau roman de Mathias Énard restitue la complexité oubliée du monde. Impressionnant.

Dès la première – longue – phrase du livre (« Nous sommes deux fumeurs d’opium chacun dans son nuage… »), le lecteur est pris par une voix. Celle de Franz Ritter, un vieux musicologue autrichien, malade et insomniaque, qui rassemble au cœur de la nuit viennoise les souvenirs de toute une vie. C’est la voix aussi d’une vieille Europe en train de disparaître, celle des Lumières, de Proust et d’une Mitteleuropa ouverte sur l’Orient. Une Europe de la culture dont, finalement, Mathias Énard est l’héritier, et qui met l’art, la littérature, la musique et la pensée bien au-dessus de l’industrie et du commerce. Une Europe disparue, peut-être, face à un Orient sous le feu des guerres civiles. De la pénombre où baigne le livre, pourtant, brillent ici mille étoiles qui forment la constellation des écrivains, musiciens, aventuriers dont le roman retrace l’existence, entre Occident et Orient. Et une comète : Sarah, enthousiaste orientaliste dont s’est épris Franz et qui magnétise lors de cette nuit pluvieuse tous les souvenirs du vieil opiomane. Sarah qui rassemble les traces de ces aventurières du désert qui parfois ont quitté l’aristocratie européenne pour venir régner sur Palmyre et sur le cœur des hommes. Le roman brasse près de deux siècles d’explorations, d’échanges, deux siècles ou plus où « sur toute l’Europe souffle le vent de l’altérité ». L’érudition, magistrale, est ici un hymne à la connaissance, à l’ouverture, à la vie et l’actualité y apporte lugubrement son contrepoint douloureux. Ritter a connu l’éblouissement à Alep, dans une Syrie dont il voit chaque jour le viol et l’assassinat. Boussole est un opéra romanesque aux mille tonalités, puissant et subtil, qui rassemble les cendres des civilisations du Livre et de l’art. Pour les ranimer. Ou les enterrer.

Mathias Énard, pourquoi avoir choisi un narrateur autrichien et musicologue ? Est-ce que la prodigieuse culture musicale qu’il possède, vous la possédiez avant l’écriture du livre ?
Franz Ritter, le narrateur du livre, est autrichien de mère française. Pour beaucoup et pendant longtemps, Vienne a été Porta Orientis, la porte de l’Orient. Le voyage de Boussole devait commencer là, à Vienne, et dans les marches de l’Empire. Franz, par sa mixité de cultures, par sa position géographique et culturelle, représente l’Europe, l’Europe classique et bourgeoise du savoir, dans ses limites, sur sa frontière. Le roman est aussi une interrogation sur « l’identité de frontière » dont parle Claudio Magris : au niveau géographique et urbain, d’une part, mais aussi dans nos frontières intimes, ces lignes intérieures contre lesquelles nous nous construisons et reconstruisons sans cesse, en les franchissant : les frontières de la langue, du désir, d’autrui. Franz est musicologue – ce qu’il connaît le mieux, c’est l’histoire de la Musique ; il est devenu orientaliste malgré lui, un peu « à rebours ».
La musique me fascine parce qu’elle n’a pas besoin de traduction. Contrairement au...

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