Décoiffante bourrasque que les œuvres du poète italien Emanuel Carnevali (1897-1942). L’un des plus importants du siècle dernier. En contact étroit avec tous les poètes américains de son temps, W. C. Williams, E. L. Masters ou Pound, Carnevali est un cas notable d’énergie débordante, de volonté débridée, de désordre brutal et de talent stupéfiant. C’est en anglais (appris sur les vitrines de magasins) qu’il rédigea la plus grande part de son œuvre. Le Premier Dieu est son très beau roman autobiographique. Carnevali y raconte son enfance, son immigration à New York, « le rêve de qui point ne rêve, le refuge de qui n’a pas de toit, cette ville impossible » et son panorama humain. Mille petits métiers, mille misères parfois profondes vécues dans une innocence mâtinée de brutalité. Ses pairs poètes l’estiment et le poussent à écrire. « Et moi,/ qui invente des images pailletées de soleil…/ La nuit, sur ta table !/ Stimulé par le panier de linge sale ! » Finalement, à Chicago, une encéphalite lui impose le retour en Italie où il mourra beaucoup plus tard, ironie terrible, en s’étouffant avec un bout de pain. Suivi d’une vingtaine de proses et extraits de son journal ainsi que de témoignages impressionnants, Le Premier Dieu initie ses œuvres complètes en trois tomes et ce premier pas montre de quel talent disposait le poète, lui qui aimait tant « Rimbaud, Dostoïevski et les prophètes en général ».
É. D.
LE PREMIER DIEU et autres proses
D’EMANUEL CARNEVALI
Traduit de l’italien et de l’anglais (États-Unis) par Jacqueline Lavaud, préface d’Emidio Clementi, La Baconnière, 316 pages, 18 e
Histoire littéraire Le Premier dieu et autres proses
septembre 2015 | Le Matricule des Anges n°166
| par
Éric Dussert
Un livre
Par
Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°166
, septembre 2015.