La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Domaine étranger Le futur d’une ville

mars 2016 | Le Matricule des Anges n°171 | par Thierry Guinhut

Garth Risk Hallberg livre un feu d’artifice de personnages contrastés dans l’ode à New York d’un roman-somme.

Avec City on fire, et aux dépens de Mercer, personnage qui n’a que des velléités d’écriture, Garth Risk Hallberg a réussi son « Grand Roman Américain ». Autour de la tentative d’assassinat de Samantha Cicciaro, les milieux sociaux les plus extrêmes s’acoquinent en ce roman, entre sphères richissimes de la finance au-dessus de Central Park et bas-fonds sordides du Bronx. Drogues et alcools, corruptions et manipulations, permettent à tous ces antihéros de se croiser : plusieurs générations animent les chapitres aux points de vue internes et alternés, les retours en arrière.
Des histoires d’amour déceptives et parallèles s’entrelacent dans le New York des six premiers mois de l’année 1977. Celle homosexuelle du jeune professeur noir Mercer, qui, malgré la discrétion de William, découvre, ébahi, « le cercle enchanté des Hamilton-Sweeney », d’où vient son amant, ancien punk. Celle hétérosexuelle des lycéens Samantha et Charlie, qui s’égarent dans les défonces des concerts rock. Le monde de Charlie, traversé par « la tempête de la puberté », est celui de « la saleté, la mort, la juste colère », d’une éducation politique contestataire et violente dans le squat des punks. William se fait artiste hors normes, mais aussi dragueur junkie « des hommes adultes dans les toilettes publiques ». Regan, mère au cœur tendre, divorcée de Keith, l’amant de passage de Samantha, apprend à gérer la fortune familiale des « oligarques », financiers énergiques. Toute une constellation de personnalités fait l’objet de la plume acérée, non sans tendresse, d’Hallberg. Chacun bénéficie d’un roman d’apprentissage, quand le coma de Samantha, « beauté enfermée dans un cercueil de verre et dont le royaume était en ruine », risque d’abattre les vices publics et privés du clan et de la « pieuvre Hamilton-Sweeney », grâce à l’enquête de Groskoph, un journaliste à « l’orgueil merdeux », au tragique destin, et de Pulaski, un inspecteur bossu. Inéluctablement, les fils épars de l’intrigue s’embrassent, se heurtent, se nouent…
Un vaste roman de société, et pas seulement policier, se déploie autour du portrait de New York, condensé du continent américain, de ses rêves et cauchemars. La fresque intense s’anime sous les yeux naïfs de ceux qui parcourent leur roman d’initiation aux plaisirs et à la brutalité du monde. La satire exhibe les hypocrisies, les magouilles immobilières, le sexe pur ou sale ; tout ce temps gâché, sauf pour l’écrivain au clavier vif, même si la tension, inévitablement en un tel énorme opus, baisse parfois. Pour rebondir avec des journaux intimes manuscrits, des fanzines. L’écriture d’Hallberg (né en 1978) est émaillée de délicieuses surprises. Quand pour William, « l’artiste combine un besoin féroce d’être compris et l’amour le plus farouche de la solitude », Mercer découvre chez Regan « l’idée platonicienne d’une chambre de jeune fille », enseigne en offrant « des homards d’intelligence, des figues de sensibilité », et s’écrie : « Chante, Muse, les plafonds moulés et les bibliothèques pleines à craquer de volumes reliés ! » Qui sait s’il n’est pas un peu l’alter ego de son auteur…
Tirant son titre des feux d’artifice du nouvel an, du père artificier de Samantha, du « temps chaotique » plombé d’injustices et de criminalités, mais aussi d’une chanson rock des Ex Post facto, groupe où officia William, ce roman brûle ses destins dans une « ville en décomposition », pré-apocalyptique. Cette ode à New York, construction romanesque savante et aisément lisible, s’élève jusqu’au sommet du suspense lors du « black-out » de juillet 1977. Si nous restons dans la tradition balzacienne réaliste, les chapitres s’achevant sur un suspense ouvert comme dans le roman-feuilleton, l’on devine qu’une adaptation de ce roman-somme mériterait de figurer parmi les meilleures séries télé.
Thierry Guinhut

City on fire
de Garth Risk Hallberg
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Elisabeth Peelaert, Plon, 992 pages, 23,90

Le futur d’une ville Par Thierry Guinhut
Le Matricule des Anges n°171 , mars 2016.
LMDA papier n°171
6,50 
LMDA PDF n°171
4,00