Bien connu des lecteurs de SF, Iain M. Banks (1954-2013) était aussi, lorsqu’il masquait l’initiale de son second prénom (Menzies), un auteur de « littérature générale » dont l’originalité apparaît de manière frappante depuis la publication d’Efroyabl Ange1 (L’Œil d’or, 2013). Un chant de pierre confirme ses capacités d’inventeur et son sens de la langue. Installé en territoire rural, dans un pays enfiévré par la guerre, évoluant entre bandes lourdement armées et populations fragilisées par l’exode, il met en présence le duo ambigu de deux aristocrates, un frère un peu naïf, le narrateur, et sa sœur mutique, mystérieuse et un tantinet perverse, et une bande de soldats commandés par une lieutenant volontaire et cynique. Raccompagné manu militari dans leur château ancestral qu’il avait choisi de fuir, le duo aristocratique subit les exactions de la horde dans l’attente d’une accalmie improbable. Entre un Désert des Tartares dépeigné et un Règne du feu où l’on se laisserait douillettement installer, Un chant de pierre, roman d’une exceptionnelle qualité, donne au gothique d’aujourd’hui une portée classique.
Éric Dussert
Un chant de pierre de Iain Banks, traduit de l’anglais par Anne-Sylvie Homassel, L’œil d’or, 224 pages, 17 €
Domaine étranger Gothique charpente
juin 2016 | Le Matricule des Anges n°174
| par
Éric Dussert
Un livre
Gothique charpente
Par
Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°174
, juin 2016.