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juin 2016 | Le Matricule des Anges n°174 | par Guillaume Contré

L’aura que traîne le Polonais Bruno Schultz est de celles qui collent tant à la peau qu’elles deviennent indissociables de l’œuvre. Auteur de nouvelles inquiétantes, victime d’une guerre qui interrompra un parcours littéraire brillant, ayant souffert tant du stalinisme que du nazisme, il est de ces figures devenues malgré elles iconiques. Peut-on dès lors les « manœuvrer » sans danger ? C’est la question qu’on peut se poser à la lecture d’Une requête de Bruno Schultz, de Maxim Biller. Question que préfaces et notes proliférantes ne peuvent que rendre plus aiguë, là ou le texte devrait se suffire. Dans cette soixantaine de pages, Biller tente de recréer un épisode fameux de la vie de Schultz, lorsqu’il envoie une lettre (jamais retrouvée) à Thomas Mann au moment – 1938 – où celui-ci a fui l’Europe pour les États-Unis. On y suit un Schultz devenu personnage écrivant dans son bureau miteux (une cave avec à hauteur d’yeux un vasistas donnant sur la rue, où ses élèves viennent se moquer de lui), on y évoque son travail de professeur qui ne lui donne nulle satisfaction, sa relation avec ses collègues, sa famille. Tout cela est bien pensé voire documenté, mais ne décolle pas. Schultz est trop grand. Impossible qu’il ne rétrécisse pas au lavage. Pour contrecarrer cette impuissance, vient le recours au grotesque, histoire de rendre plus « schultzien » ce récit sur Schultz. Dans sa lettre, l’auteur des Boutiques de cannelle conte à Mann l’apparition dans sa ville d’un personnage outrancier se faisant passer pour le grand écrivain, qui tente de détrôner le récit à coup d’excès rabelaiso-sadiques. En toile de fond, ce qui intéresse vraiment Biller, le nazisme impossible à digérer et la place de la judéité dans l’Allemagne contemporaine. On se demande un peu ce que Schultz, qui finit par se perdre dans la nuit en trottant comme un chien, fait dans tout ça. Comme s’il était utilisé à des fins qui ne le concernaient pas vraiment.
Guillaume Contré
 

UNE REQUETE DE BRUNO SCHULTZ
De MAXIM BILLER
Traduit de l’allemand par Marielle Silhouette, Actes Sud, 96 pages, 10 e

Le Matricule des Anges n°174 , juin 2016.
LMDA papier n°174
6,50 
LMDA PDF n°174
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