EPIPHANIES
DE JAMES JOYCE
Traduit de l’anglais (Irlande) par Jacques Aubert, Trente-trois morceaux, 46 pages, 15 e
Les petits éditeurs font vivre l’œuvre de James Joyce. Il y a peu, les éditions Multiple nous donnaient les quelques feuillets formant Giacomo Joyce. Aujourd’hui, ce sont les éditions Trente-trois morceaux, sises à Lyon, qui nous proposent Épiphanies, un ensemble de fragments faisant découvrir le Joyce des débuts. La signification du mot épiphanie sous la plume de l’écrivain irlandais nous est donnée par cet extrait tiré de Stephen le Héros, comme le rappelle l’éditeur : « soudaine manifestation spirituelle se traduisant par la vulgarité de la parole ou du geste ou bien par quelque phase mémorable de l’esprit même. Il pensait qu’il incombait à l’homme de lettres d’enregistrer ces épiphanies avec un soin extrême car elles représentaient les moments les plus délicats et les plus fugitifs ». Au nombre de quarante, ces épiphanies forment une constellation d’instants suspendus. Par moments, on croirait à des récits de rêves dont la logique un peu surréaliste ne peut être que secrète, codée. Descriptives ou dialoguées, méditatives ou poétiques, ces séquences illustrant l’infra-ordinaire amorcent autant de trames romanesques, annonçant déjà les voies empruntées plus tard par le Dublinois dans ses œuvres phare. Voilà de bien étranges et envoûtantes notations narratives où, souvent, la présence se fait incertaine, fugitive, un peu spectrale. Ici et là les silhouettes aperçues sont presque toujours absentes, en sursis, fantomatiques. Cueillies en bouquet il y a plus de cent ans, ces épiphanies sont des pétales qui mènent à Ulysse et Finnegans Wake.
Anthony Dufraisse
Histoire littéraire Epiphanies
juin 2016 | Le Matricule des Anges n°174
| par
Anthony Dufraisse
Un livre
Le Matricule des Anges n°174
, juin 2016.