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Histoire littéraire Hémoglobine en noir et blanc

mars 2017 | Le Matricule des Anges n°181 | par Éric Dussert

Magazine dédié au fait divers lancé par Gallimard, Détective fait partie des titres qui ont renouvelé la presse des années 1930 en France.

Détective : Fabrique de crimes ? (1928-1940)

Le Dîner des bustes (suivi) de Conférence sur Rouletabille

Conçu comme le catalogue de l’exposition itinérante qui va montrer feu le magazine Détective en plusieurs villes de France (Montpellier, Nîmes puis Paris), l’album conçu par deux universitaires, Marie-Eve Thérenty et Amélie Chabrier, propose une synthèse sur ce titre typique de la presse française des années 1928-1940, témoin d’une appétence tenace pour le fait divers.
Le monde de la presse a changé très vite durant la Troisième République. Dans une conférence des années 1918-1922, Gaston Leroux, le père du personnage de Rouletabille et journaliste lui-même proposait, au-delà de quelques anecdotes savoureuses de sa vie de reporter, une définition de la mutation qui avait lieu grâce au ressort de jeunes gens bien chaussés de la presse moderne, qui lorsqu’ils faisaient une pause au cours de leurs pérégrinations en profitaient pour botter les fesses des pépères de la chronique à la papa trop souvent assis dans les brasseries des grands boulevards : « Rouletabille, c’est le journalisme moderne, le globe-trotter de la nouvelle, l’infatigable mémorialiste de cette époque formidable, héroïque et incohérente qui a tout changé, tout bousculé, tout transformé, la Presse comme le reste du monde, et qui a mis au premier plan le Mouvement. » Et Détective, c’était le mouvement de vie et de la mort mis en images et en mots.
Héritier des « canards sanglants » apparus sous l’Ancien Régime, ce magazine est lancé par Gallimard à l’automne 1928 – son concurrent Jazz apparaît en décembre 1928, comme Vu un peu plus tôt la même année – après le rachat du titre Détective à son partenaire Henri La Barthe, détective privé de son état sous le nom d’Ashelbé (HLB) – lequel va devenir également l’auteur à succès de Pépé le Moko (1931), ou Dédée d’Anvers (1939).
Le titre vient couvrir un champ éditorial resté à peu près libre en France : la presse à sensation roulant sur le fait divers sanglant traité à l’américaine. En fait, le succès du magazine est le fruit de l’association désormais efficace du reportage de fait divers et d’enquête en zones sensibles (bagnes, prisons, prétoires, asiles, lointains exotiques, vie nocturne et classes dangereuses) et de la photographie de qualité.
Les techniques de l’imprimerie ont évolué et les clichés des artistes du domaine (Germaine Krull ou Berenice Abbott, etc.) rendent merveilleusement une fois recadrés, retouchés, éclairés ou même assombris. On nage en plein Docteur Mabuse dans un expressionnisme très graphique destiné à impressionner le bourgeois qui se pourlèche (en faisant le dégoûté) des crimes photographiés comme par la police scientifique, des prostituées à peine vêtues en cours d’arrestation, des droguées à la pupille explosée ou des victimes froidement clichées dans leur sang coagulé. Et puis il y a les mains de l’assassin en gros plan, la face du gangster portant encore les traces de la dernière prise de bec, les corps d’enfants morts, de pendus, les jeunes femmes violentées avant d’être massacrées, les rumeurs de vols d’enfants… L’Œil de la police, Le Petit Journal illustré et tous les suppléments illustrés du dimanche avaient déjà fait depuis les années 1890 des étincelles dans le domaine, si l’on ose parler ici de finances, avec des naufrages abominables, des tueries, des accidents de chemin de fer, des surinages, des bandits en autos ou à pied, des drames à ne plus finir représentés en hélio ou en lithogravure avec des rouges épatants, du plus parfait sang de bœuf, dégoulinants sur les faces ahuries de victimes éberluées. Sans la couleur, Détective affrontait la concurrence en imposant le choc des photos et des textes remarqués.
Codirigé par Paul Bringuier, Maurice Garçon, Louis Roubaud, Georges Kessel, le magazine en concurrence avec des magazines efficaces comme Marianne, Candide, Vu ou Voici (1931), sut s’adjoindre les plumes les plus attirantes de l’époque : Pierre Mac Orlan, Paul Morand, Emmanuel Bove, Joseph Kessel, Marcel Montarron, Eugène Dieudonné, René Danjou, etc. – on note évidemment l’absence quasi totale de femmes reporters dans ces pages plutôt machistes –, plumes qui mirent au point ce que l’on peut nommer le « crime telling », un genre controversé qui lui attira de nombreux reproches et conduisit à la définition d’une déontologie journalistique plus rigoureuse. Éric Dussert

Détective, fabrique de crimes ? d’Amélie Chabrier et Marie-Eve Thérenty, Joseph K., 192 pages, 24
Le Dîner des bustes (suivi de) Conférence sur Rouletabille,
de Gaston Leroux, Amadava, 103 pages, 9

Hémoglobine en noir et blanc Par Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°181 , mars 2017.
LMDA papier n°181
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