D’abord il y a la première scène : « Le Travail ». Une bande d’enfants aux noms étranges (Enfanfouineur, Enfanvoleur, Enfandecœur, Enfanapeur, etc.) forment la troupe des Enfanfer. Ils travaillent dans une décharge et fouillent les ordures sous la férule d’une matrone au nom très explicite : « Mam o’fouê ». Ils doivent trouver le fer. Et l’entasser pour constituer une montagne qui « touche le paradis. » Parce que « chercher le fer c’est faire du fric. » Et puis le petit Tadé trouve une gousse qu’il va devoir aller planter dans l’endroit le plus beau du monde. C’est le ver luisant qui le dit. Et puis, « la nuit, juchée sur de hauts talons, tombe et se pète un genou ». Et l’enfant part. L’enfant part à la recherche du plus bel endroit du monde pour planter sa cosse. Qui n’existe peut-être pas, mais va savoir. Il rencontrera le roi Seulomonde, le bernard-l’ermite et un chou-fleur peut-être. Mais non : « Je ne suis pas un chou-fleur, je suis une petite fille frisée à la tête repliée dans ses genoux. » Par contre Nénesse et Charlie sont bien des crapauds. Tadé retrouvera sa grand-mère et aimera Priscille, la petite-fille chou-fleur. Ils partiront tous les deux pour « faire ce qu’on a dit et dire ce qu’on a fait. »
Stéphanie Marchais nous entraîne dans un voyage initiatique au long cours. La fantaisie de la langue se joue des mots et des jeux de mots. Elle plane dans un univers plein de poésie et de surprises, ou l’imaginaire se permet toutes les audaces, jusqu’à faire tomber un piano pour écraser Helmut, « le ver de terre un peu sourd ». Lewis Carroll n’est pas très loin. Nous sommes là devant un texte joyeux, drôle, puissant et accroché à la vie comme une liane à sa branche. Un texte qui donne une envie folle de partir visiter le monde pour croiser ce mystérieux grand lac argenté qu’est devenue la montagne de fer : « comme si toute la ferraille s’était fondue en une flaque brillante ».
Patrick Gay-Bellile
Vanille poubelle, de Stéphanie Marchais
Quartett, 112 pages, 12 €
Théâtre Vanille poubelle, de Stéphanie Marchais
juillet 2017 | Le Matricule des Anges n°185
| par
Patrick Gay Bellile
Un livre
Vanille poubelle, de Stéphanie Marchais
Par
Patrick Gay Bellile
Le Matricule des Anges n°185
, juillet 2017.