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juillet 2017 | Le Matricule des Anges n°185 | par Martine Laval

Pour le plaisir d’une langue tout en élégance, humour et propos politiques en prime, il faut lire Le Passager de la nuit. Foncez !

Le Passager de la nuit

La France. Sa campagne verdoyante, ses jolis vallons-rivières-forêts, ses villages assoupis et ses routes si exaltantes ! Leurs minces rubans de bitume bordés d’arbres centenaires flirtant avec le ciel… Les années soixante. Leurs promesses de lendemains qui chantent… Douce France ! Cher pays de l’insouciance ! Ou France de carte postale ? Ou France plongée dans le déni ? Au volant d’une « voiture de sport » comme on disait, un jeune dandy s’envole droit vers la liberté. Il quitte Paris, destination Champagnol – y a-t-il nom plus charmant, plus… franco-français ? Il fonce à toute berzingue, slalome, klaxonne, fait la nique à tous les automobilistes qui ont le malheur de le croiser. À lui, la légèreté, la griserie, les folies. Tout feu tout flamme, il joue avec la mort et s’en moque. D’autres, en ces mêmes années, la défient, luttent, résistent, tombent, s’acharnent.
Maurice Pons, décédé en juin 2016, fut signataire du Manifeste des 121. Il a écrit Le Passager de la nuit en 1959. En pleine guerre d’Algérie. Par précaution ou ruse, René Juillard, son premier éditeur, a estampillé « roman » ce texte qui au-delà de l’élégance de son écriture tient du brûlot : le jeune dandy accepte (sans vraiment réfléchir) d’embarquer dans son bolide un autre jeune homme, un peu mutique, un peu taciturne. Un type en cavale, un Algérien. Au fil des kilomètres, au cœur de la nuit, les deux vont s’opposer, se provoquer, nommer une guerre qui n’a pas (encore) de nom, et en finale, s’apprivoiser. À coups de phrases sèches, de gestes rageurs, parfois de silences suintant une haine à peine dissimulée, ils se mesurent, s’interrogent : peuvent-ils, l’un et l’autre, Français ingénu, Algérien combattant, se faire confiance ? Sous ses allures de road story délurée, Le Passager de la nuit fustige de façon magistrale le racisme, pointe nos drames d’hier et, plus fort encore, ceux d’aujourd’hui : la méconnaissance de l’autre, de l’étranger, du pas pareil pas normal, du « Ben Bella » et autres surnoms glaçants. La narration roule tout en délicatesse alors que prime la vitesse, explosent l’arrogance de l’ignorance de l’un, la fermeté de l’engagement de l’autre. Sans jamais céder à un quelconque jugement moralisateur, Maurice Pons met à nu les oppositions intellectuelles et politiques de ses deux personnages et les propulse au bout d’une nuit promise à la lumière.
L’auteur des Saisons, livre culte s’il en est, s’autorise tous les plaisirs qu’offre la littérature : mettre le politique en fiction, dire le grave sans oublier l’humour. Il fait de la « six cylindres deux carburateurs  » un troisième personnage, doué d’émotion comme d’instinct : « Ma voiture avait pris goût au jeu, et j’aurais eu mauvaise grâce à la contrarier. ». En voiture !

Martine Laval


Le Passager de la nuit, de Maurice Pons, Points, 110 p., 6,80

Douce france Par Martine Laval
Le Matricule des Anges n°185 , juillet 2017.
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