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Zoom Naître à Naples et mourir

octobre 2018 | Le Matricule des Anges n°197 | par Martine Laval

Le journaliste italien délaisse l’enquête pour la fiction. Et met en scène des gamins qui défient la mafia… pour prendre sa place. Percutant.

La vie, c’est simple, c’est noir ou blanc : « Il y a ceux qui baisent et ceux qui se font baiser, c’est tout.  » Pas la peine de chercher à comprendre, cela n’a rien à voir avec le sexe, homme-femme, encore moins à voir avec la classe sociale. « C’est une connerie, ça. On naît baiseur ou on naît baisé. » C’est dit, martelé. Fort de son intime conviction, de sa superbe supériorité, Nicolas, lui, est donc né baiseur, et qui plus est, au bon endroit : à Naples la furieuse, Naples la mafieuse. Nicolas, 15 ans, corps d’enfant et regard meurtrier, n’a qu’un seul but, fuir la normalité, les gens moyens, comme son père prof de gym, ou sa mère, blanchisseuse. Il n’a qu’un seul rêve, créer sa propre paranza, sa famille. À ses ordres, une bande de mioches (le plus jeune a 10 ans), pas plus mauvaises graines que d’autres, pas plus fissurés par le destin que d’autres. Ils s’imaginent n’avoir rien à perdre, même pas leur vie. La mort, même pas peur. Ils sont fascinés par la violence. Une étrange banalité qui inquiète et malmène le lecteur de Piranhas, premier roman du journaliste italien Roberto Saviano.
Connu pour ses enquêtes sur la Camorra – des bombes à retardement qui lui valurent menaces de mort et clandestinité –, l’auteur de Gomorra fait de la mafia sa raison d’être ou d’écrire. Aujourd’hui, il s’empare de la fiction pour raconter un phénomène hallucinant et néanmoins bien réel : le baby-gang, des gamins décidés à faire main basse sur la ville, à s’approprier le terrain et les trafics en tous genres des parrains en titre. En quelque sorte, des ados en révolte contre le vieux monde…
Saviano semble écrire de l’intérieur. Planté de l’autre côté du miroir, il guette ses personnages, leur donne chair. Il écrit ce qu’il pressent, ce qu’il voit ou imagine (c’est pareil) sans avoir recours à la camisole du juge ou du moraliste. En véritable raconteur d’histoires, il décortique et met en branle tout un système d’engrenages lié à la violence, moteur du gang : humiliations, extorsions, rivalités, tueries, et bien sûr, un archaïque code de l’honneur arrangé selon les besoins. Roman d’apprentissage hors normes, Piranhas (en italien, La paranza dei bambini, bien plus savoureux) emprunte au polar, au docufiction, et repose entier sur les personnages, ces petits êtres au sang-froid qui sèment la terreur. L’école, ils s’en fichent, les parents idem, quant au travail (hypothétique), « c’est pour les tocards et les esclaves ». Un no futur règne à Naples, cette ville où « on ne grandit pas : on naît dans la réalité et on la découvre peu à peu ». C’est comme ça, dirait Nicolas la tête pensante, fin stratège politique et expert en combines mafieuses. La drogue, les bars, les armes, l’argent, bientôt les filles, tout est bon pour satisfaire son désir, avoir le pouvoir. Ou peut-être simplement exister.
Martine Laval

Piranhas, de Roberto Saviano, traduit de l’italien
par Vincent Raynaud
Gallimard, 354 pages, 22

Naître à Naples et mourir Par Martine Laval
Le Matricule des Anges n°197 , octobre 2018.
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