Pour Sylvain Levey, « Il n’y a pas de petites ou de grandes migrations. Il y a plusieurs départs et plusieurs vies. Il y a ceux ou celles pour qui l’immigration est un problème à résoudre. Une statistique à commenter. Moi, je mets des prénoms sur chaque fragment de vie, chaque vie désorientée, chaque vie à reconstruire, chaque voyage, petit ou grand, périlleux ou quotidien. À vous d’y ajouter des visages, des corps, des voix. »
Aussi loin que la Lune est une pièce fragments, construite en vingt-deux courtes séquences. Qui parlent toutes de départ, d’exil ou de rêve d’ailleurs. On y croise plein de personnages, plus d’une trentaine : Abdul Samad un jeune Afghan de 12 ans parti seul rejoindre l’Europe et Paris, Abdul Samad à qui on a dit : « Il y a des hélicoptères dans le ciel de Paris, des hélicoptères qui diffusent du parfum Chanel ». Jeanne le jour de son déménagement qui repense à Augustin, le vieux monsieur lui ayant vendu sa maison. Angèle de Plouarzel montée à Paris trouver du travail et revenant vivre en Bretagne. Trois escargots rêvant d’une herbe plus verte ailleurs. Trois petits cochons et leurs maisons détruites à cause de la guerre et du réchauffement climatique. Mamie qui a des trous dans sa mémoire, des courants d’air. Walid et Joséphine amoureux fous de la vie malgré le vacarme du monde. Le texte égraine des dizaines d’Il était une fois. C’est un joli voyage proposé par Sylvain Levey. Comme une invitation à la rencontre. Au détour. Histoire d’arrêter de bâtir des murs. Et d’accueillir toutes les petites histoires des autres pour se rendre compte qu’elles résonnent en nous. On traverse plein d’émotions. C’est tendre, léger, grave et drôle. C’est juste et simple. Comme une belle journée où l’on a réussi à enlever ses barrières intimes pour être juste présent au monde et aux autres.
Laurence Cazaux
Aussi loin que la lune de Sylvain Levey
Théâtrales jeunesse, 62 pages, 8 €
Théâtre Aussi loin que la lune
mars 2019 | Le Matricule des Anges n°201
| par
Laurence Cazaux
Un livre
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°201
, mars 2019.