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Histoire littéraire Journal de Travail (1929-1943)

novembre 2019 | Le Matricule des Anges n°208 | par Éric Dussert

Journal de Travail (1929-1943)

Louable travail que celui d’Emmanuel Bluteau, le meneur des éditions La Thébaïde qui nous offre sur un plateau le Journal de travail de Jean Prévost, ce jeune romancier et essayiste de l’écurie Gallimard, fusillé par les Allemands dans le maquis du Vercors. Cet intellectuel stendhalien, produit parfait de l’École normale supérieure, aura nourri son œuvre d’une introspection permanente, de même qu’il a interrogé avec insistance la créativité des auteurs qu’il avait biographiés (voir sa Vie de Montaigne). Entre 1929 et ses derniers jours, les quatre cents pages denses de son Journal de travail nous rappellent ce qui occupait son esprit au jour le jour, entre la vie quotidienne et les écrits, ces travaux qui ne parvenaient pas à masquer l’inquiétude, que ses voyages permettaient parfois de « bien domin(er)  », l’angoisse et ce souci constant de la capitalisation culturelle et, presque obsessionnel, du contrôle de soi, et de son corps en particulier.
Le journal débute sur ces considérations ésotériques : « Dose quotidienne : 30/ Hebdomadaire : 200. Mensuelle : 800 ». Mais on interprète vite qu’il s’agit du nombre de pages qu’il veut écrire chaque jour : « Livres graves [10 pages]/ Livres légers [7 pages]/ Articles revues [6 pages]/ Articles journal ou magazine [5 pages]/ une lettre [4 pages] ». Forçat cloué à l’établi, cette énumération préalable est un indice remarquable de son besoin de cadre, et de la crainte qu’il a de déroger. Son journal qui n’est pas intime mais « orienté projet », pour ainsi dire, est l’objet qui a survécu au massacre. Il a pour dernières lignes ces espoirs : « Projet d’une technique de Baudelaire (soumis à la bourse Duhamel) et pendant à mon Stendhal./ Je rédige peu et mal, depuis cet hiver. J’ai besoin de nouveaux exercices. Je parle bien, paraît-il, mais avec effort./ Viennent donc la transplantation, et le travail dans un cadre de campagne, en attendant “ma” maison. » Il a désormais pour annexes les deux versions d’un testament daté de 1944.

Éric Dussert

Journal de travail, 1929-1943, de Jean Prévost
Préface de Jérôme Garcin,
La Thébaïde, 410 pages, 25

Le Matricule des Anges n°208 , novembre 2019.
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