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Domaine français Cygne de vie

janvier 2020 | Le Matricule des Anges n°209 | par Anthony Dufraisse

Arthur Bernard déroule, à sa manière, les fils de sa pelote existentielle.

Aux captifs, aux vaincus !

C’est toujours un plaisir de retrouver Arthur Bernard et son style bien à lui, à la fois sophistiqué et oralisant, un peu éraillé et débraillé, d’une loquacité roborative. Un plaisir, oui, de renouer avec sa tournure d’esprit si particulière, où l’ironie et l’autodérision ont souvent la part belle. Encore que cette fois-ci, le plaisir se teinte d’inquiétude. Ce texte (totalement ?) autobiographique serait-il son dernier livre ? À l’approche de ses 80 ans, l’intéressé le laisse entendre. C’est que tout ce récit est une sorte de remémoration improvisée, un genre de grande digression jazzy au final sans cesse repoussé. Dans une tentative de tirer sa révérence parisienne, une grande partie de sa vie de professeur et d’écrivain s’étant déroulée dans la capitale, l’auteur au contraire s’y attarde, joue les éternelles prolongations : « Les eaux usées remontent, impures et souillées, du puits de mes souvenirs, seau à moitié vide, seau à moitié plein, la poulie grinçante, la chaîne rouillée et me dis qu’il faudrait me préparer un jour ou l’autre, c’était une conviction indécise et pourtant une décision irrévocable, n’ai jamais été à une contradiction près ! à entamer mes adieux à Paris… » On coupe, bien obligé, vous voyez un peu le beau parleur… ; un souvenir en appelle donc un autre, ce qui nous vaut d’être entraînés dans un domino de dates plus ou moins floues et de mots assez filous ; accords, échos, raccords, yoyo. Tout se passe comme si la récapitulation de papier empêchait la capitulation dans la vie. Tout ici est affaire d’ajournements, de marche à reculons, pour remonter « la pente du pire » – vieillir. Des rencontres poussent notre homme à rester sur les planches.
La représentation qu’il nous livre a notamment pour cadre Le Télémaque, un hôtel du 14e arrondissement, où il a élu domicile par goût de ces lieux de boulevard (comme on le dit d’un certain théâtre). Arthur Bernard s’y entoure de figurants plus beckettiens que nature (notamment un réceptionniste natif de Périgueux) et de figures tutélaires devenues familières avec le temps, et d’abord « Charly Baudelaire », comme il surnomme affectueusement l’auteur du « Cygne », ce poème auquel le titre du livre emprunte son dernier vers. Arthur Bernard se serait ennuyé s’il n’avait composé qu’un recueil de souvenirs docile à la chronologie ; en bon maître de cérémonie, il est passé maître, c’est le cas de le dire, dans l’art de se laisser mener à la baguette (et nous avec) par Mnémosyne. D’ailleurs on pourrait dire de Bernard ce qu’il dit d’un certain Ernest, qu’il croise plus qu’il ne le côtoie, car ce drôle de zig est un vrai courant d’air ; « un faiseur d’histoires, né. Il avait du talent pour les rapprochements, les correspondances ». Arthur itou.
Bref, redisons-le, l’auteur a une manière bien singulière de dérouler les fils de sa pelote existentielle ; tel un chat joueur, avec galipettes, roulades et entrechats bien sûr. « Y a-t-il finalement un début dans cette histoire de fin ? », questionne notre homme, rieur (ou manipulateur ?). Chant du cygne ou énième pirouette du langage des signes bernardien ? Allez savoir ce qu’est vraiment ce livre.
Anthony Dufraisse

Aux captifs, aux vaincus !
d’Arthur Bernard
Champ Vallon, 243 pages, 19,50

Cygne de vie Par Anthony Dufraisse
Le Matricule des Anges n°209 , janvier 2020.
LMDA papier n°209
6,50 
LMDA PDF n°209
4,00