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Essais Un savoir-lire

février 2021 | Le Matricule des Anges n°220 | par Thierry Cecille

Eloge du mauvais lecteur

Sans doute avez-vous fait cette expérience : à l’occasion d’une lecture précipitée, ou peu attentive, ou trop partiale, une sorte de sur-moi – scolaire ou, au mieux, littéraire – vous accuse d’être un mauvais lecteur. Sur les pas des livres paradoxaux – c’est le titre de la collection – de Pierre Bayard, mêlant l’érudition à l’humour, Maxime Decout va vous apprendre, plutôt qu’à combattre ce que vous preniez pour un défaut, à en user avec malice et sagacité. Certains, du bout des lèvres, avaient déjà osé naguère de telles pratiques hérétiques : ainsi Roland Barthes avait-il avoué qu’un des plaisirs de la lecture de Proust était de sauter des passages, mais jamais les mêmes !
Maxime Decout commence par tracer l’historique de ce mésusage, rappelant la manie identificatoire d’un Don Quichotte ou d’une Emma Bovary – ou les suicides à la mode de Werther. Mais il va plus loin et explore les œuvres dans lesquelles le mauvais lecteur se retrouve au premier plan, dissimulé ou insolent, tyrannique ou sournois. Il nous révèle ainsi les agissements du professeur Kinbote qui, dans Feu pâle de Nabokov, se venge, par ses commentaires, du poète qu’il fait mine d’admirer, ou, dans L’Œuvre posthume de Thomas Pilaster d’Éric Chevillard, « une guérilla ou une vendetta fomentée contre l’auteur » par son préfacier plus que malveillant. Il défend ensuite aussi bien la lecture joliment appelée « buissonnière » ou « le nez en l’air » que celle, plus dangereuse, qu’il nomme « interventionniste ». Il ne s’agit de rien de moins que de réécrire le livre que vous tenez entre vos mains, comme l’a fait Valincour avec La Princesse de Clèves ou Balzac avec La Chartreuse de Parme, expliquant à Stendhal comment transformer son œuvre en un roman… balzacien ! Et si cela ne lui suffit pas, le lecteur fanatique peut s’en prendre à l’existence même de son écrivain favori, comme dans Misery de Stephen King. « Être kidnappé ou assassiné par son propre lecteur est, après tout, la plus grande marque de respect qu’un auteur puisse recevoir. Voilà qui, à tout le moins, laisse pas mal d’espoir au mauvais lecteur, encouragé dans sa folie et incité à se jeter à l’eau. »

Thierry Cecille

Éloge du mauvais lecteur
Maxime Decout,
Éditions de Minuit, 148 p., 16

Un savoir-lire Par Thierry Cecille
Le Matricule des Anges n°220 , février 2021.
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