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janvier 2022 | Le Matricule des Anges n°229 | par Feya Dervitsiotis

Avec ce premier roman, Sylvie Durastanti propose L’Odyssée du point de vue de celles qui ne sont jamais parties. Composant un échange muet, les voix de la « maîtresse » et de la vieille servante s’élèvent en alternance, s’observent mutuellement dans cette épreuve de quinze ans. L’écriture, sobrement lyrique, s’étire en un rythme contraint qui figure un immobilisme minéral : celle qu’il faut nommer Pénélope s’adresse à l’absent et ressasse en un monologue sans fin sa condition sans horizon. « Moi, je reste là, enracinée sur ta terre, enfermée dans mon silence, entre les quatre murs de ta maison. » Face à la mer qui assiège l’île, la femme aux aguets ne voit que des métaphores de sa peine, elle épie les vaguelettes qui passent sur le temps, ce temps qui se fracture dans son malheur, ouvrant un gouffre dans lequel elle se perd.
Comme si l’écrivaine se raccrochait à une nécessité de narration, le texte interrompt régulièrement cette fine dissolution dans la langueur pour devenir explicatif, dessiner des récits antérieurs, rendre compte du présent en vigueur. Ainsi des prétendants qui apparaissent comme les enfants d’une génération élevée sans pères, les héritiers du seul « rêve d’un monde ancien, fait de violence et de force », condamnés à n’être capables que de piller et violer. Leur brutalité quotidienne et malheureuse pâlit devant la barbarie, brossée avec fulgurance et accueillie avec résignation, d’Ulysse massacrant les femmes et hommes qui l’auraient trahi. Alors que Margaret Atwood écrivait L’Odyssée de Pénélope dans un esprit de subversion féministe, montrant une Pénélope agissant, Sylvie Durastanti ne fait que suggérer la fatalité d’un déséquilibre. Elle poursuit l’épopée homérique plus qu’elle ne la réécrit, sa Pénélope passant de l’attente à un avenir indexé sur la volonté d’Ulysse, resté l’axe incontesté de son temps. Un même souffle poétique parcourt ce pays de myrtes, de vignes et de séismes ; il nous entraîne jusqu’à la dernière page mais ne vient pas à bout du mythe.

Feya Dervitsiotis

Sans plus attendre
Sylvie Durastanti
Tristram, 206 pages, 19

Le Matricule des Anges n°229 , janvier 2022.
LMDA papier n°229
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