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Domaine français Sylvia Plath vivante !

juin 2022 | Le Matricule des Anges n°234 | par Anthony Dufraisse

Et si la poète avait raté son suicide ? Une émouvante uchronie de Coline Pierré.

Avant ce premier roman, Coline Pierré, 35 ans, a écrit une dizaine de livres pour la jeunesse ainsi qu’un essai : Éloge des fins heureuses. C’est, pourrait-on dire, le souci d’une fin heureuse qui anime tout entier l’écriture de Pourquoi pas la vie, qui met en scène une Sylvia Plath bel et bien en vie, qui ne se serait pas suicidée, comme ce fut le cas hélas en réalité, un jour de l’hiver 1963, à seulement 30 ans. Peut-on parler d’une uchronie ? Oui, et même c’est un modèle du genre, disons-le d’emblée. « Inventer des réalités alternatives à partir de la matière du monde, (…) habiller d’un corps les fantômes, projeter les souvenirs en Technicolor, déclamer notre amour à celles et ceux qui ne peuvent plus nous entendre », telle est la conception résolument empathique de la littérature, reconstructrice – comme on le dit d’une certaine chirurgie – que défend Coline Pierré. Et nul doute que ce texte a maturé en elle bien des années, nourri de sa fréquentation assidue de l’écrivaine américaine qui s’est depuis longtemps fait une belle place dans l’histoire littéraire, mais pas assez aux yeux de Coline Pierré.
En imaginant une Sylvia Plath réchappée de la mort, elle sort d’abord la jeune femme de l’ombre écrasante de son mari, le renommé Ted Hughes. Ensuite, et surtout, elle réinvente son existence en l’inscrivant habilement sur la toile des libératrices années 60 outre-Manche. Tramant ensemble et la vie de Sylvia Plath et l’époque, Coline Pierré montre ainsi l’émancipation d’un esprit tourmenté et l’évolution féministe des mentalités collectives. Le temps de quelques mois, de l’hiver à l’été 63, on assiste à la renaissance d’une Sylvia Plath repoussant peu à peu sa « fureur autodestructrice », en recherche permanente d’un fragile équilibre : entre « l’écriture et la vie, l’écriture et la maternité et la sensualité et l’amitié et l’étude et la vie domestique », entre « être une poétesse, une intellectuelle et une femme et une mère et une amie et une épouse et une amante, sans hiérarchie ». Permettre à Sylvia Plath d’incarner pleinement ses différents rôles donne l’occasion à Coline Pierré d’interroger les tensions et les ambitions d’une vie, où forcément tout se mêle, trivialité et rareté, matérialité et absolu, petitesse et grandeur.
Pour raconter tout ça, le monologue intérieur aurait pu être une voie d’accès, mais Coline Pierré n’a pas voulu – pas osé ? – se glisser à ce point dans la peau de Sylvia, il eût alors fallu dire « je ». Dans un souci de distance sans doute, elle fait le choix plutôt d’un récit à la troisième personne, accordant aux dialogues avec des personnages inventés (de femmes, souvent) ou bien réels (comme le méconnu polygraphe Al Alvarez, un très proche du couple Plath-Hughes) la fonction d’une parole partagée, thérapeutique et même, parfois, cathartique. Oui Pierré réussit, et ô combien, à redonner vie et voix à Sylvia Plath tandis que passent et repassent, en fond sonore, les tubes des Beatles, Ben E. King, Patsy Cline et autre Bob Dylan.

Anthony Dufraisse

Pourquoi pas la vie
Coline Pierré
L’iconoclaste, 391 pages, 20

Sylvia Plath vivante ! Par Anthony Dufraisse
Le Matricule des Anges n°234 , juin 2022.
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