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Dossier Albertine Sarrazin
Soleils noirs

juillet 2022 | Le Matricule des Anges n°235

Une manière de phénomène ». C’est par ces mots que la critique Jacqueline Piatier tentait en octobre 1965 dans Le Monde de commenter la publication par Jean-Jacques Pauvert de L’Astragale et de La Cavale. Ils témoignent bien de la réception dans l’espace littéraire du milieu des années 60 de cette inconnue de 27 ans. L’événement tenait moins à la singularité de l’écriture d’Albertine Sarrazin qu’au caractère autobiographique de ses romans. Son incarcération pendant presque neuf années et ses évasions contribuent à faire d’elle un personnage. À la sortie des ouvrages, la presse alimente largement cette construction en produisant une iconographie, multipliant les séances photographiques. Le « phénomène » Albertine semble devenir une légende contemporaine. Sa voix est gravée sur des disques, ses livres passent en format poche, son visage devient iconique. Mais l’effacement d’Albertine Sarrazin est à la hauteur de son surgissement. Elle tombe très rapidement dans l’oubli au point que ses proches décident de créer une maison d’édition pour y auto-publier des textes posthumes. Pourquoi une telle disparition ? De quel mal souffre donc l’œuvre d’Albertine Sarrazin ?
« Une étoile qui s’est, la folle, rapprochée et qui va mourir avant moi ? » (René Char)
Comment expliquer cette longue absence alors que nous nous (re)découvrons cette œuvre multiple à l’aune de nos questions présentes ? Ni L’Astragale, ni La Cavale ne furent les romans de mai-juin 1968, pas plus qu’ils ne furent des livres manifestes du féminisme ou des mobilisations autour des prisons dans les années 70.
La réception qui fut celle de son vivant qu’on pourrait penser positive était fondamentalement réactionnaire – en considérant Albertine comme un « phénomène », un accident, la critique l’a exclue non seulement de l’histoire de la littérature mais de l’histoire tout court. Née à Alger, rapatriée avant l’heure, abandonnée, désaffiliée, elle n’a inscrit sa trajectoire dans aucun lieu, dans aucune tradition ; elle a pris l’écriture comme on prend une terre qui n’est pas vôtre, à rebours même de l’élan collectif des années 68. Ses livres ne sont pas des manifestes contre la société bourgeoise, car ses récits ne s’inscrivent pas par rapport à elle. Elle n’est pas rebelle car son écriture invente un espace nouveau qui n’a aucun compte à rendre au champ littéraire ou politique. Il n’y a pas de transfuge de classe chez elle, puisque précisément elle ne reconnaît pas cet ordre du monde. Car elle appartient à un autre monde, celui des infâmes. Je songe soudain à une jeune fille fugueuse croisée dans les Archives des Bouches-du-Rhône, elle voulait « faire sa vie » ; sa mère était allée déclarer sa disparition au commissariat ; on la repéra à Aix, on la chassa comme du petit gibier ; les gendarmes de Digne arrêtèrent Simone – c’était son nom – un peu plus loin dans sa fuite ; elle se prostituait dans une maison de rendez-vous, elle avait teint ses cheveux pour échapper aux mailles...

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