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Théâtre L’Afrique, avenir des femmes

mars 2023 | Le Matricule des Anges n°241 | par Patrick Gay Bellile

Le souffle des figures guerrières traverse les textes de Léonora Miano.

Fille d’Amanitore - Et que mon règne arrive

Avec Fille d’Aminatore, Léonora Miano nous transporte d’abord dans le monde des mythologies africaines ; pour y retrouver Ynyi et Bele, les divinités premières, figures féminine et masculine de la puissance créatrice, présentes dans tout être vivant. Et Ynyi est inquiète de la tournure que prennent les événements, aujourd’hui, au pays des Mortelles : « Nous avons enfanté bien des univers, mais aucun ne nous cause autant de souci que le vôtre. » Et nous voilà ensuite chez les dites Mortelles, des mères et leurs filles, pour une série de monologues portant sur le statut des femmes, des femmes africaines surtout : les rapports de domination des hommes, les grossesses désirées ou non, les viols, la polygamie, le manque de considération, l’absence de révolte, le poids des traditions, des usages, la honte d’être fille-mère ; sans l’espoir, d’ailleurs, de voir un jour la femme blanche prendre leur parti puisqu’elle-même « milite pour recevoir sa part du système, pas pour le défaire. Ce n’est pas une amie. Elle veut être l’égale de son homme, diriger les multinationales cotées en Bourse, déféquer elle aussi sur la planète. » Ynyi convoque l’esprit des femmes guerrières, et celui de la dernière d’entre elles, Aminatore, pour insuffler aux femmes l’esprit de révolte et l’envie de se battre.
En tissant le chemin menant des mythes anciens aux sociétés d’aujourd’hui, Léonora Miano déroule un seul et unique espace temporel dans lequel la femme noire devra tôt ou tard prendre sa place.
La seconde pièce, Et que mon règne arrive, poursuit et développe les mêmes thèmes. Eyitope, professeure à la retraite, est invitée à un colloque dont le titre est : « Pour une sororité planétaire ». Avec humour, elle passe en revue la situation de l’Africaine subsaharienne aujourd’hui, et la démission des hommes subsahariens : « Leur programme tient en quatre points : se pomponner, pérorer, copuler, procréer. Ça, c’est quand ils cochent toutes les cases. La plupart ne s’illustrent que dans une de ces activités, et de manière approximative. (…) Il pourra ainsi prendre la fuite pour s’établir dans la demeure bâtie ailleurs par d’autres hommes. Il se plaindra alors du racisme, suppliera les institutions internationales de le prendre à leur charge, de garantir le respect de ses droits humains. » Parallèlement, nous suivons Untchu, le gars du coin, très gentil, que toutes les femmes du quartier recherchent pour coucher avec lui, et Etoxe, la dernière en date. Après une nuit passée ensemble, et une séparation qui ressemble un peu à une expulsion, chacun fait le point sur la situation de son sexe. Finalement, rien n’est simple. Et il faudra de nouveau évoquer et invoquer l’esprit des femmes guerrières qui ont marqué le continent africain pour redonner aux femmes l’envie de vivre et de se battre contre la domination, coloniale et masculine. Et Eyitope acceptera de participer au colloque à condition que soit acceptée son intervention intitulée : « Et que mon règne arrive. S’inspirer des Africaines pour restaurer le féminin. »
Léonora Miano, née au Cameroun, a reçu en 2006 le prix Goncourt des lycéens (Contours du jour qui vient), le Femina en 2013 et bien d’autres prix. Elle vise à se démarquer du féminisme à l’occidentale en ce qu’il se réfère toujours au masculin : « Les Subsahariennes, qui enfantèrent l’humanité, n’ont nul besoin de mendier une chambre à elles dans la grande maison bâtie par d’autres », déclare-t-elle dans un entretien publié par le journal Le Monde en 2013. Ici, sans violence, mais avec beaucoup de précision, loin des formules toutes faites, des imprécations et des attitudes victimaires, elle travaille à redonner à la femme africaine la place et la puissance de ses ancêtres. Avec l’aide de la musique, pourrait-on dire, puisque très souvent l’auteure précise, dans une didascalie, le morceau de musique écouté par le personnage. Un beau et très puissant texte.

Patrick Gay-Bellile

Fille d’Amanitore
(suivi de) Et que mon règne arrive
Léonora Miano
L’Arche, 96 pages, 14

L’Afrique, avenir des femmes Par Patrick Gay Bellile
Le Matricule des Anges n°241 , mars 2023.
LMDA PDF n°241
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