La rédaction Christine Plantec
Articles
À cheval échappé
Au bout de la langue est une cavalcade joyeuse et érudite au pays de la langue, « un parquet flottant sur lequel s’embarquer à plusieurs ».
Traducteur, essayiste et poète, Martin Rueff explore dans cet opus la question de la langue et soutient la gageure d’aller jusqu’ « au bout de » celle-ci moins pour en venir à bout que pour se donner l’occasion de déambuler dans l’immense étendue de la question, à la manière d’un Montaigne, d’un domaine à l’autre du savoir et dans une sorte de savoureuse indiscipline. D’emblée, Rueff nous plonge dans la particularité sémantique du mot langue en précisant que la polysémie du terme ne doit pas occulter une autre spécificité qui est que le rapport entre les différentes acceptions du mot est...
Petites et grandes choses
Écrites entre 1943 et 1962, les onze proses de Natalia Ginzburg condensent, avec une simplicité déconcertante, les moments emblématiques d’une vie.
Lorsqu’on écrit une histoire, on doit se jeter dedans avec tout ce que l’on possède et que l’on a vu de meilleur, tout ce que l’on a recueilli de meilleur dans sa vie. Les détails se consument et s’usent, à les porter avec soi pendant longtemps sans s’en servir » (« Mon métier »). Il y a quelque chose d’une urgence dans les textes de Natalia Ginzburg. Il y a dans son écriture, quelque chose...
La pesanteur et la grâce
Au début, il y a un dessin de Patricia Cartereau auquel Albane Gellé répond en poème et ainsi de suite, c’est-à-dire 37 fois chacune.
Pelotes, Averses, Miroirs est un superbe ouvrage. En tant qu’objet d’abord, les aquarelles et dessins de la plasticienne Patricia Cartereau y sont vifs et lumineux, les poèmes d’Albane Gellé, un art de l’ellipse et du délicat qui jamais n’appuie malgré « tout ce qui tombe » et notre soumission à la loi universelle de la gravitation. En tant qu’expérience artistique, le livre élabore les...
Assommons les poètes ! de Sophie G. Lucas
À part écrire, vous faites quoi dans la vie ? » Assommons les poètes ! est un coup de gueule. Un rappel de la condition d’écrivain, de la violence manifeste ou symbolique dont il est l’objet : « non il n’y a pas de rémunération pour les auteurs (…) les musiciens les techniciens les animateurs sont rémunérés mais ce n’est pas la même chose les auteurs viennent parler de leurs livres vendre...
Un livre
Vie & opinion de Gottfried Gröll
de
Christophe Manon
Jack in the box
Le dernier opus de Christophe Manon est un grand éclat de rire (jaune). Son personnage est tout de guingois, dans son corps, dans la pensée et dans la langue. À en perdre les mots.
Mon nom est Gröll. Gottfried Gröll. Je penche. » Premier vers d’un triptyque poétique, celui qui emprunte à James Bond son gimmick n’aura de cesse de causer, comme si c’était là tout ce qu’il savait faire, causer en empruntant les mots des autres, en déplaçant, en détournant des expressions, tendre clown blanc jongleur de mots : « gâchis parmentier/ mouche cousue/ blanc comme beige »… Le...