La rédaction Thierry Guichard
Articles
Une histoire française
Le premier roman de Lolita Sene, un été chez jida, renoue avec ses racines kabyles, une Histoire douloureuse et l’indicible violence faite à une enfant. L’écriture comme un baume.
Elle est aujourd’hui vigneronne, produit des vins subtils et joyeux auxquels elle donne parfois un nom venu de l’enfance comme à son cinsault de soif, Couscous. Et peut-être a-t-elle appris en soignant avec de la valériane les vignes blessées par la grêle, qu’on peut appliquer sur les blessures de quoi cicatriser les plaies et renforcer les corps. Un été chez Jida est un roman qui soigne, où les mots viennent de loin, sont posés sur la page avec une précaution qui les rend plus prégnants. Roman parcellaire, fait de chapitres courts qui sont comme des pièces d’un puzzle difficile à...
Un auteur
L’écriture consacre l’absence
L’œuvre de Claude Louis-Combet semble sortir d’un chaos où la foi, le désir, la monstruosité s’interpénètrent avec la volonté d’être en phase avec la cosmogonie.Elle constitue comme une matière organique issue du plus profond des fantasmes d’un homme empli de spiritualité. Entretien avec un écrivain en quête.
La visite de son bureau, véritable matrice tapissée de livres et de photographies dévoile sur sa table de travail quelques feuilles manuscrites d’un ouvrage en cours.Et bien sûr, ce qui frappe, c’est la quasi absence de ratures sur ces pages où, pourtant, courent de longues phrases. Claude Louis-Combet n’entretient pas un rapport habituel avec l’écriture. Celle-ci semble d’abord se constituer...
Un auteur
La bibliothèque matricielle
Visiter la bibliothèque de Claude Louis-Combet revient à visiter l’appartement tout entier et encore, pour tout voir, faut-il descendre à la cave… Partout présents et souvent précieux, les livres ici ne s’affichent pas de façon ostentatoire. Seule la bibliothèque du salon offre une vitrine aux ouvrages. On y trouve les livres que les éditeurs de l’auteur lui envoient. Des contemporains comme...
Un auteur
Des mères et une martyre
À la beauté lumineuse des phrases de Louis-Combet, fait écho dans toute son œuvre, l’obscure atmosphère des fantasmes, de l’organique, du corps saignant ou douloureux. Dualité que l’on retrouve dans la première nouvelle de Des mères hallucinante comme l’était celle qui fermait son précédent recueil Rapt et ravissement (Deyrolle). Une mère attend un enfant qui, dans cette attente, lui fait...
Un auteur
Claude Louis-Combet : les confessions d’un parjure
Toute la vie de Claude Louis-Combet s’inscrit dans une lutte entre le désir et la foi et la culpabilité qui en découle.Comment concilier spiritualité et pulsions, religion et interdits. En écrivant.L’œuvre de cet auteur qui ne se veut pas homme de lettres est probablement la plus habitée de notre littérature actuelle.
Depuis les fenêtres qui donnent sur la ville, à l’étage où se perche l’appartement de Claude Louis-Combet, le regard plonge sur le parking d’un supermarché aux couleurs aussi criardes que, paraît-il, incitatrices à l’acte d’achat. De l’autre côté de l’appartement, la vue est plus paisible : le cimetière offre avec les tombes un espace de verdure. On sait depuis notre précédente visite...
Médiatocs – chronique
Pare-chocs du moi
Écrite précipitamment dans l’absence de style, l’autobiographie de l’ancienne directrice du Monde des livres atteint à des abysses de pensée. Du moment que ça la soulage….
Elle était la directrice du Monde des livres jusqu’au jour (« un matin de janvier 2005 ») où on lui annonce qu’elle est démise de cette fonction pour redevenir une simple journaliste. Josyane Savigneau vit d’autant plus mal sa mise au placard (qui la vivrait bien ?) que celle-ci la renvoie à un complexe d’imposture qui l’habite depuis toujours et qu’elle va tenter de résoudre en écrivant ce Point de côté. On espérait une réflexion sur le métier de journaliste, une description des rouages de la critique parisienne ou au moins une véritable plongée dans les mécanismes intimes, inconscients...
Un âne, des mots
Claire Castillon a probablement un vrai talent d’écrivain. Mais ses lecteurs ont assurément beaucoup de patience. Son nouvel opus, indigeste en diable, impose une lecture éprouvante.
Cette rubrique, consacrée aux très médiatiques romanciers allait tranquillement vers la proclamation d’un axiome incontestable. Quelque chose comme : un best-seller se fabrique. Dès sa conception jusqu’à son écriture, un best-seller imite plutôt la pente douce (qu’on dévale sans y prendre garde) que la montée abrupte qui nécessite effort et courage. Les ingrédients du best-seller se trouvent...
“ Les mecs, on la perd ! “
Quels ingrédients faut-il pour faire un best-seller ? Une louche de clichés alignés par un style de collégien attardé et assez de cynisme pour prendre ses lecteurs pour des gogos.
Prenez une pincée de Paulo Coelho, le romancier philosophe pour ménopausés du cerveau, dont vous extrairez des préceptes profonds du genre : « accepte le destin qui est le tien et donne aux autres le meilleur de ton temps ». Cette morale à deux sous qu’adorent tous les apôtres de la domination (que les miséreux acceptent leur misère et ne viennent pas nous emmerder) nous est assénée par...
Courrier du lecteur – chronique
La preuve par huit
Publié il y a treize ans aux États-Unis, « Surfiction » est un essai réjouissant. Clair et incitatif, il donne les bases d’une réflexion en mouvement.
Constitué de huit textes vifs, Surfiction traverse une bonne partie de la littérature de création (« le roman expérimental ») des années 60 à aujourd’hui plus particulièrement aux U.S.A. Raymond Federman sait de quoi il parle, puisqu’il fut un des premiers de sa génération avec Quitte ou double (1971) à révolutionner le roman (dans la lignée de Cervantès, Sterne ou Joyce). Le bonhomme n’hésite d’ailleurs pas à se citer lui-même…
Le texte inaugural est un « manifeste postmoderne » : écrit en 1973, ce texte programmatique n’a pas pris une ride, si ce n’est, peut-être, dans l’utopique part...