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Révélations des images
Tout commence par un album de photographies anonymes, sans légendes, acheté de nos jours sur un marché aux puces de Sofia. Les images datent des années 1950. On y voit des hommes et des femmes bien habillés qui posent pour l’objectif, prennent un avion, un bus, un bateau, et se présentent au monde ainsi, souriants et unis. Ils se rendent visiblement dans un « pays frère », en RDA, pour un projet inconnu. Ils prononcent des discours au-dessus de longues tablées, observent avec curiosité des danses folkloriques et visitent de prestigieux bâtiments. Peut-être travaillent-ils dans...
Un livre
Paysage fer
de
François Bon
L’écriture d’une ligne
François Bon développe à partir d’images volées au réel lors de voyages en train hebdomadaires, le portrait en fer et béton de notre fin de siècle.
Durant tout un hiver, chaque semaine, François Bon s’est rendu de Paris à Nancy, par le train qui n’est pas encore le TGV. Chaque semaine, il s’est installé dans le premier wagon « un fourgon mais laissant encore à l’avant, comme séparés du train, cinq compartiments dont un réservé au service et toujours désert. » Le genre de train qu’on n’aime pas prendre parce que sa vieillesse renvoie à la...
Dans le mille
Cerner l’enfance et l’adolescence, le passage de la première à la seconde, beaucoup d’écrivains s’y essaient sans parvenir à se défaire d’une dose de nostalgie collante qui est une preuve de la distance qu’ils ont pris avec le début de leur vie. Jean-Luc Payen, après un texte publié à l’Arpenteur sur l’internement psychiatrique en 1990, réussit à rendre quant à lui la pulpe complexe de cet...
Mémoire d’un pitbull
Après la truie de Marie Darrieussecq et la vache de François Morel, voici venir Gun le pitbull ! Comment interpréter ce déferlement de narrateurs quadrupèdes ? Certains, invoquant Kafka comme Deleuze, ont salué l’émergence d’un « devenir animal » qui devait jeter un trouble bienvenu dans le roman hexagonal.
C’est pousser le bouchon de la modernité un peu loin, puisque nos bêtes s’inscrivent...
Un livre
Stabat Mater
de
Xavier Bazot
Théodore, in memoriam
Un avortement, la mort d’un nourrisson et la naissance d’une trisomique : la paternité vue par Xavier Bazot. Qu’éclaire une langue vivifiante.
Il y a quelques années, Camille Laurens donnait à lire un magnifique travail de deuil : Philippe (P.O.L, 1995) du nom du bébé mort après accouchement. Langue sèche et précise, implacable main courante d’un drame sans cela innommable. Pour relater la mort de Théodore, un bébé de quelques mois (dans une maison que les parents louent après le drame, une affiche annonçant une exposition...