RUBRIQUE Traduction
Les articles
François Dominique
« A » de Louis Zukofsky
Serge et moi avons commencé cette traduction il y a trente-deux ans. Pour ma part, je crois avoir trouvé, au cours de ce travail, la capacité d’envisager ma propre langue comme si je la découvrais naïvement pour la première fois. Cette expérience étrange et fascinante m’a aidé à écrire autrement certains de mes livres ; mais si l’on excepte Humanités (Obsidiane, 2005), aucun de ces livres ne porte la trace de mes lectures de Zukofsky ou d’autres poètes objectivistes américains. Comme Serge Gavronsky, je considère la traduction comme un genre littéraire à part entière ; nous partageons le...
Clément Baude
Apeirogon de Colum McCann
On savait, chez Belfond, ma prédilection pour la littérature imprégnée d’Histoire. J’en redemandais régulièrement. Et ce qui devait arriver arriva, en l’occurrence un beau jour de 2019, lorsqu’on me proposa de traduire le prochain roman de Colum McCann… Je connaissais l’auteur, bien entendu, mais plus de nom qu’autre chose. Ah bon ? Moi ? Mais vous êtes sûrs que… ? Vraiment ? Tu verras, me...
Daniel Cunin
Qui sème le vent, de Marieke Lucas Rijneveld
Le champignon de fumée qui s’est élevé, début août, au-dessus du port de Beyrouth nous a rappelé celui d’Hiroshima, soixante-quinze ans plus tôt. Une fois l’origine probable de la catastrophe connue, nos mémoires se sont reportées sur la tragédie de l’usine AZF, survenue à Toulouse le 21 septembre 2001. Parmi les locaux alors touchés par le souffle de la déflagration, on a recensé ceux...
François Happe
Betty, de Tiffany McDaniel
Je viens de terminer la (re)traduction de The Scarlet Letter, de Nathaniel Hawthorne pour les éditions Gallmeister. Des mois passés à scruter la phrase hawthornienne, longue, complexe, labyrinthique – véritable leçon de lecture –, à m’efforcer de rendre autant que faire se peut les superbes subtilités d’un style ciselé, sans vraiment parvenir à me persuader que je suis bien en train de...
Julien Lapeyre de Cabanes
Requiem pour une ville perdue, de Aslı Erdoğan
Les traducteurs, comme tout le monde, ont tendance à se voir plus beaux qu’ils ne sont. Le premier trait caractéristique de cette prétention, c’est de vouloir qu’on reconnaisse le traducteur comme égal, en dignité et en traitement, à l’auteur – puisqu’on ne dit plus « écrivain », ceci expliquant peut-être cela. Le traducteur en a assez d’être oublié comme un obscur transcripteur d’œuvres...