Ses romans manquent d’unité de style et sont plus intéressants comme illustration de ses vues philosophiques que comme oeuvres littéraires ". Ce jugement de Czeslaw Milosz, s’adresse au fondateur de la littérature moderne en Pologne, Stanislas Przybyszewski. Les éditions José Corti proposent un roman de jeunesse de cet écrivain mort au début du siècle. De Profundis nous conte le dénouement d’un amour extraordinaire qui unit un frère et une soeur, corps et âme. Les inutiles chassés-croisés des deux personnages sont entrecoupés des crises de panique et de démence du frère qui abdique raison puis espoir, et des scènes de jalousie d’Agaï, sa soeur, qui, plus volontaire, mais non moins éprise, tente de refouler infructueusement ce sentiment où s’entremêlent désir sexuel, velléités platoniques et interdits moraux. Ils ne tireront aucun parti de leur amour qu’ils essaient d’éluder, l’un, par des pulsions autodestructrices, l’autre, par une ironie amère mêlée d’un feint mépris et après une scène d’adieu où ils se dévoilent leur incommensurable passion, le frère s’en ira, dans son ultime crise de folie, achever l’impossible et ratifier leur union.
Le style lapidaire, vif, d’une grande sobriété contraste avec la teneur du livre, frénétique, lourde de passion violente, inassouvie, de sentiments compacts. L’apostrophe, l’exclamation sont le plus souvent utilisées dans des phrases brèves, des dialogues purgés des convenances. L’atmosphère dramatique fait table rase de tout bavardage, chaque mot est pesé au trébuchet parce que le temps des personnages est compté. Ce livre n’est qu’un trait, dessiné dans le pur esprit de la tragédie antique.
De Profundis
Stanislas Przybyszewski
José Corti
111 pages 80 FF
Domaine étranger L’amour jusqu’aux profondeurs de l’abîme
novembre 1992 | Le Matricule des Anges n°1
| par
Jean-Guy Pécresse
Un livre
L’amour jusqu’aux profondeurs de l’abîme
Par
Jean-Guy Pécresse
Le Matricule des Anges n°1
, novembre 1992.