On s’émeut facilement à lire Christian Garcin. Sa plume, au service d’une admiration pour des artistes de tous lieux, de tous temps, esquisse des gestes d’une pureté de cristal auxquels s’accrochent toute une vie. Vidas, ce sont quelques mots sur un écrivain, un peintre, un musicien, (mais aussi sur Néron ou Marie-Madeleine) juste de quoi nous donner des regrets de n’en pas lire plus. Rarement écriture aura été plus suggestive, poétique et saisissante. Car c’est bien cela : Christian Garcin, tel un peintre japonais, saisit l’instant, la parole, le mouvement dans lequel toute la passion d’un créateur couve son génie. En montrant, avec une subjectivité d’esthète, les pensées de ces artistes, l’auteur nous donne à sentir le bouillonnement, la détresse ou la folie de ceux qu’il dépeint. Christian Garcin invente aussi, mais les silhouettes qu’il trace alors deviennent celles que l’on gardera en mémoire. Ainsi de Marina Stvetaïeva : « Parfois elle baisse lentement la tête sans vous quitter des yeux, comme un enfant qui vient d’être réprimandé sans justice, qui a quelque chose à dire. Quelque chose qu’il tait ».
Vidas
Christian Garcin
Gallimard L’un et l’autre
150 pages, 98 FF
Domaine français Les vies minuscules de Christian Garcin
janvier 1993 | Le Matricule des Anges n°3
| par
Thierry Guichard
Un livre
Les vies minuscules de Christian Garcin
Par
Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°3
, janvier 1993.