Le dernier roman d’Alina Reyes est très mince, 91 pages, mais on a le sentiment qu’avec un peu de volonté, l’auteur du Boucher (prix Pierre Louÿs en 1987) aurait pu étendre son récit à l’infini, tant son histoire - une femme se penche sur son passé - est d’une déconcertante mièvrerie peuplée de truismes sans fond et de clichés à faire sourire les plus mélancoliques. Son écriture est pourtant sobre, élégante, au goût du jour dirait-on, et alors ?
Alina Reyes n’a malheureusement rien à mettre dedans, seulement une litanie de bons sentiments d’écolière étouffée par l "émotion. Cet ouvrage est finalement révélateur. Car on se rend compte, avec cette lecture, que la petite idée qu’on a sur les raisons de la morosité et l’appauvrissement du marché du livre (production massive, privilégier l’auteur sur l’oeuvre elle-même) n’est pas très éloignée de la vérité. On comprend mieux dès lors pourquoi des maisons d’édition reçoivent tant de manuscrits rédigés d’une main de singe par des auteurs en herbe subitement touchés par la grâce de la vocation. Les exemples de réussite sont si indigents.
Gallimard
91 pages, 60 FF
Domaine français Quand tu aimes il faut partir
avril 1993 | Le Matricule des Anges n°4
Un livre
Quand tu aimes il faut partir
Le Matricule des Anges n°4
, avril 1993.