La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Domaine français Exquise esquive

décembre 1994 | Le Matricule des Anges n°6

Le Rire du Diable

Peut-on écrire un roman érotique lorsqu’on est un nihiliste narcissique ? A priori, l’érotisme nécessite l’observation d’autres corps que le sien et le désir, jusqu’à preuve du contraire, ne souffre pas l’absence d’objet, le vide. Les éditions Zulma, qui ont pris l’habitude de solliciter les bons écrivains d’aujourd’hui pour qu’ils contribuent à l’enrichissement de leur collection « Vierge folle », font les frais avec Roland Jaccard d’un pari perdu. Perdu et gagné tout à la fois car si Le Rire du diable n’est pas un livre érotique, c’est tout de même un livre fort excitant.
« L’essentiel est d’opter pour une stratégie et de s’y tenir » Roland Jaccard déclinait sa stratégie en deux forces, le nihilisme (en bon adepte de Cioran) et le narcissisme (en enfant du siècle). Il faut compter désormais une nouvelle corde à son arc : l’esquive. L’écrivain fait penser à ces cinéastes américains qui éteignent la lumière dès que l’héroïne tombe le dernier bout de tissu qui la couvre. Pas de pudeur ici, mais le sentiment que tout ça, cette épreuve sportive qu’est l’amour, n’est finalement pas très intéressant. C’est encore un mensonge qu’on s’invente pour ruiner l’ennui. Les collectionneurs de fantasmes, les érotomanes papivores en seront pour leurs frais mais ils se dédommageront par certaines formules, griffures acides qui écorchent l’apparent détachement de Jaccard : « Les filles qui couchent avec des hommes qui pourraient être leur père sont souvent au bord de la psychose ; celles qui le font avec des garçons de leur âge sont toujours à la limite de la débilité. » (P.55). Après avoir laissé de côté l’improbable intrigue d’un libertinage épistolaire, Roland Jaccard nous régale donc de ce qui fait qu’on l’aime, cette légèreté de façade, ce dandysme désespéré qui plante encore la piscine Deligny et le café de Flore au centre de sa carte du Tendre, lieux conventionnels et anachroniques (La Piscine a coulé, les clients du Flore sont gras et tristes).
Le Rire du diable est un livre charmeur, stimulant qui prouve que sans l’esprit, la chair est bien triste, décidément.

Le Rire du Diable
Roland Jaccard

Zulma
82 pages, 75 FF

MAT02901

Exquise esquive
Le Matricule des Anges n°6 , décembre 1994.