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Poésie Au nom de l’amour

février 1996 | Le Matricule des Anges n°15 | par Didier Garcia

Feuilles de présence

Voici un livre, un livret, une plaquette (déjà les mots font défaut) propre à décevoir ceux qui ne jurent que par la logique des genres : s’agit-il d’aphorismes, de « formulations », de revendications, de commandements ? Un tel texte n’est pas sans poser problème, à commencer par son auteur dont l’œuvre se limite à une monographie consacrée à Michaux en 1967 et à ces Feuilles de présence initialement publiées par Dominique de Roux aux Éditions de l’Herne en 1972, seul volume aujourd’hui disponible.
Un livre donc précieux et rare à la fois qui répartit sa trentaine de pages en deux chapitres intitulés « Prédicats » et « Corollaires ». La linguistique désigne par prédicat ce qui est dit à propos d’un sujet ; quant au corollaire, il s’entend d’ordinaire au sens de conséquence, de suite naturelle. Des corollaires de prédicats ? Qu’est-ce à dire ?…
Seule la lecture permettra d’y voir un peu plus clair et tout d’abord de comprendre que ce sont bien des prédicats que ces phrases sans majuscules privées de tout sujet, amputées d’un segment (par exemple : « que le quotidien n’existe qu’au travers du maléfique »). Ensuite qu’il est question d’amour, de la communication dans l’amour, et que le problème essentiel de ces feuillets pourrait bien être celui du langage de l’amour, avec cette nécessité de trouver une langue qui pourrait seoir aux amants. Une langue, on s’en doute, peu commune, faite de silence et de gestes, en veillant à ce « qu’amour ne soit jamais prononcé, mais répudié comme crime », et en espérant « que les lettres qu’ils échangent soient pages blanches ». Un verbe qui soit l’au-delà de la voix, qui puisse en dire plus que des mots, une parole muette qui tienne surtout du souffle et du fluide. Et si ces phrases claudicantes, comme mutilées, comme infirmes, n’étaient autres que des souhaits à psalmodier d’une voix pudique et basse, une manière haute de prière pour affronter, une fois la nuit franchie à deux, « l’aube nue et le regard du vent » ? Un livre ouvert à la dérive.

Feuilles de présence
Napoléon Murat

Babel
(La Métairie Basse,
En Froment, 81 200 Mazamet)
35 pages, 50 FF

Au nom de l’amour Par Didier Garcia
Le Matricule des Anges n°15 , février 1996.