Burrth est une bourgade assise sur un polder aux confins de la Belgique et de la Hollande. Calet vécut là une partie de son adolescence, y connut la tristesse et l’air vicié de l’entre-deux guerres. Les petits cafés ont beau se toucher, il n’est pas facile de joindre les deux bouts dans ce pays d’eau. Malgré leur grand coeur, les personnages de cette chronique familiale pataugent dans la vie en comptant leurs sous, leurs morts et leurs malheurs. C’est toujours drôle et grave à la fois ces destins de condamnés qui se démènent pour ne pas sombrer définitivement, ces destins qui tiennent dans le creux d’une main et que deux ou trois phrases suffisent à faire basculer de vie à trépas. Pour autant, ce Calet (le troisième, écrit en 1939), aujourd’hui réédité, est loin d’être le meilleur. Si la mise en scène de la malédiction poursuit inexorablement son oeuvre, l’émotion semble étrangement absente. On se consolera, par exemple, en relisant La Belle lurette.
Fièvre des polders
Henri Calet
Le Passeur, 234 pages, 84 FF
Domaine français Fièvre des polders
juillet 1997 | Le Matricule des Anges n°20
| par
Philippe Savary
Un livre
Fièvre des polders
Par
Philippe Savary
Le Matricule des Anges n°20
, juillet 1997.