Très éclectique dans ses choix, la jeune maison gersoise cherche à donner à lire au plus grand nombre. Son catalogue offre un large panel, du très littéraire Yves Martin à la populaire Stéphanie Janicot.
Zulma, pour nous lecteurs, ce fut longtemps une maison d’édition de livres érotiques. Fondée en 1991, cette jeune maison, cependant, a notablement agrandi l’angle des genres publiés, pour présenter des écrivains français ou étrangers, confirmés ou débutants. À l’origine, l’aventure naît de la rencontre entre Laure Leroy et Serge Safran. Elle, vient d’effectuer des stages chez NYX, Fayard, et participe à l’aventure du Castor Astral. Lui, journaliste régulier pour le Magazine littéraire, professeur par nécessité, faisait partie également de l’équipe du Castor Astral. Bénévoles tous deux au sein de la maison d’édition bordelaise (et parisienne), ils ont créé une Société Anonyme pour « publier des choses qu’on aime, mais en faisant en sorte que l’on puisse en vivre. » Souhait clairement affiché de bâtir une maison d’édition qui ne soit pas déficitaire, comme il est fréquent dès lors qu’on s’attelle à publier de la bonne littérature. Zulma sait faire le grand écart avec grâce : les lecteurs qui aiment le travail sur la langue se réjouira à lire Yves Martin (Les Rois ambulants) mais délaisseront probablement Stéphanie Janicot qui préfère suivre le fil d’une histoire que tisser une langue propre. C’est aussi pour raisons économiques que Zulma ne publie nulle poésie : « Je ne vois pas l’intérêt de faire un livre pour deux cents ou trois cents lecteurs » avoue Laure Leroy. Au début, les livres sont diffusés par C.E.D.-Belles Lettres et enregistrent des tirages de 2 500 à 3 000 exemplaires. Bizarrement pour une maison qui s’intéresse avant tout à la littérature française contemporaine, le premier ouvrage publié appartient à une autre langue et vise une autre époque : Le Journal d’une jeune femme de qualité signé Cleone Knox raconte l’éducation européenne d’une jeune Irlandaise au XVIIIe siècle. « Ça annonçait la couleur, précise Laure Leroy, C’est de la littérature lisible par tout le monde, mais qui reste de la littérature. Ce roman a réjoui les dix-huitièmistes qui ne se sont pas rendu compte que c’était un faux. » Le livre aura une bonne presse mais ne trouvera pas le lectorat souhaité. Le succès viendra du troisième ouvrage (qui suivra La Clef des ombres de Jacques Abeille) : Les Kâma-sûtra donne l’élan à Zulma en même temps que son image de maison spécialisée dans l’érotisme.En 1994, le désir d’avoir une meilleure diffusion et une distribution plus conséquente poussent les éditeurs à changer de partenaires : les livres de Zulma apparaissent avec le nom de Calmann-Lévy associé. La diffusion est assurée par Hachette. « Je n’avais jamais été éditrice. Et comme on ne peut passer son temps à réinventer le monde, j’avais besoin de soutien, de conseils. Le rapport avec Calmann-Lévy permet de bénéficier de conseils, par exemple sur les droits à la...
Éditeur Zulma : pour une littérature des petits plaisirs
novembre 1997 | Le Matricule des Anges n°21
| par
Thierry Guichard
Un éditeur