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Jeunesse Vous avez dit innocents ?

août 1999 | Le Matricule des Anges n°27 | par Béatrice Bénistant

Un siècle de littérature jeunesse d’outre-Manche passé au crible de la biographie des auteurs. Quand Alison Lurie cherche la subversion.

Ne le dites pas aux grands

La romancière Alison Lurie propose un essai sur la littérature enfantine du XIXe siècle aux années 1970. Dans cette analyse critique, qui tente de démontrer la qualité subversive des textes classiques en remontant aux racines du genre, les grands récits anglo-saxons sont présentés dans une démarche chronologique. Les contes figurent évidemment parmi les textes les plus séditieux : on y trouve des adultes qui n’hésitent pas à abandonner leurs propres enfants dans la forêt ou des rois stupides et dangereux qui abusent de leur pouvoir. Deux chapitres sont ainsi consacrés aux idées révolutionnaires que les contes de fées véhiculent auprès des jeunes lecteurs.
Mais plus que la tradition populaire déjà amplement étudiée, le mérite de l’ouvrage est de s’intéresser à des auteurs oubliés comme Lucy Clifford dont les récits obsédants et étranges auraient inspiré Henry James, ou Edith Nesbit qui s’adresse aux enfants comme à des égaux et se démarque du ton mièvre en vigueur jusque-là dans la littérature enfantine.
C’est effectivement en Angleterre que l’on s’est en premier intéressé à la spécificité du jeune lectorat. L’image de l’enfant demeure longtemps le stéréotype du chérubin innocent : Mrs Molesworth ou même George MacDonald, écrivains très prisés de la société victorienne s’adressent à des êtres dociles sur un ton didactique ou bienveillant. La particularité de l’enfance s’impose à la fin du XIXe siècle : on pense alors que la véritable nature de la jeunesse est d’être ludique. On propose donc des histoires où priment fantaisie et imaginaire : Lewis Carroll, H.G. Wells ou J.R.R. Tolkien s’imposent comme les maîtres de cet âge d’or. Des héros individualisés comme Peter Pan, Tom Sawyer ou Bilbo le Hobbit, à la fois imparfaits et très inventifs, parlent à chaque lecteur.
Cette volonté de rejoindre des enfants bien réels se retrouve jusque dans l’illustration : aux représentations très austères et conventionnelles de l’ère victorienne succèdent la liberté vestimentaire et la sensualité des compositions de Kate Greenaway. Si ses fillettes apparaissent légèrement vêtues, c’est, selon Alison Lurie, pour assouvir les fantasmes de certains de ses amis de la bonne société. C’est en effet dans la biographie des auteurs que la romancière cherche les raisons du caractère subversif des œuvres.
Cette étude documentée restitue l’enseignement que l’auteur de La Vérité sur Lorin Jones dispense à l’université : la démonstration est parfois longue et les détails biographiques, d’où se dégage une certaine nostalgie, ne sont pas forcément intéressants. L’ouvrage permet toutefois d’appréhender à travers l’exemple anglo-saxon comment la littérature jeunesse s’est constituée en genre à part entière. Au-delà de la démarche parfois contestable qui consiste à faire appel au biographique pour expliquer une œuvre, cet ouvrage peut constituer un aide mémoire précieux.

Ne le dites pas aux grands
Alison Lurie

Traduit de l’anglais
par Monique Chassagnol
Rivages
269 pages, 59 FF

Vous avez dit innocents ? Par Béatrice Bénistant
Le Matricule des Anges n°27 , août 1999.
LMDA PDF n°27
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