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Jeunesse En quête d’une famille

août 1999 | Le Matricule des Anges n°27 | par Thierry Guichard

Quatrième aventure de l’inspecteur au grand cœur Gray, amateur de Tintin et compagnon du gamin de sa voisine… Quand le polar se fait tendresse.

Pas facile de proposer aux adolescents une collection de littérature qui les satisfasse. On aurait envie de conseiller aux marchands de papier de faire confiance un peu plus aux textes classiques, aussi bien qu’à la maturité des jeunes gens. Ou même à la poésie. Cela nous éviterait la lecture laborieuse de quelques titres qui hésitent entre lyrisme déplacé, naïveté confondante et bons sentiments sur fond de banlieue, d’Algérie ou de Kosovo. Il faut faire mode, se soucier d’un public qu’on imagine instable, veiller à ne pas effrayer les prescripteurs (les parents) et intéresser les enseignants avec un sujet d’actualité. Bref, aligner des produits sans saveur, à la date de péremption précoce.
Une des voies les plus souvent prisées des éditeurs passe par le polar. Il arrive que cette autoroute-là, se transforme en un agréable chemin de traverse. Sale Temps d’Yves Hughes en est un bel exemple. Ce roman offre un arrière-plan plus intéressant que l’intrigue qui le justifie.
Inspecteur de police, Gray enquête sur le meurtre d’un homme sans défense : la victime, avant de passer à l’état de macchabée, se tapait une douzaine de jours de coma à l’hôpital Boucicaut. Il a suffi à son assassin de débrancher le système respiratoire pour l’envoyer dans l’au-delà. Or la victime sortait de taule, un mois plus tôt. Un long séjour à l’ombre l’avait tenu rangé des voitures : treize ans pour l’attaque à main armée d’une bijouterie où une jeune femme avait trouvé la mort. Gray enquête avec un revolver déchargé, une âme sensible comme une corde de violon et une tendresse filiale pour les truands d’un autre âge. Nulle violence (si ce n’est dans le quotidien de l’hôpital où l’on ampute). Le polar n’est pas le prétexte à lâcher les pulsions les plus sauvages.
Ce qui touche dans l’univers d’Yves Hughes, c’est tout ce qui n’est pas l’enquête cousue d’un fil aussi blanc que les blouses des infirmiers. Autour de Gray, s’élaborent des tentatives de familles idéales. Au boulot : belle brochette de collègues qui auraient pu être des frères. On se moque un peu de Ferrerri, éternelle victime des sports qu’il tente de pratiquer (ici, un accident de « vétété » l’a défiguré), on redoute les bruits sur cassettes audio que Legonsaur fait écouter aux collègues : ses deux jeunes filles dont il est le seul à croire qu’elles sont musiciennes. Tout cela reste drôle (l’auteur écrit pour Les Guignols de l’info) et tendre.
Surtout Gray vit dans un petit appartement que lui loue une jolie galeriste. Pour y accéder, Robin, le fils de cette dernière, n’a qu’à soulever une trappe et le voilà chez l’inspecteur. Le gamin sait qu’il y trouvera la collection complète des Tintin, aussi bien en albums qu’en vidéo. Valentine (chouette prénom pour une galeriste) sait pouvoir y trouver, juste avant l’aube, du café sucré au sirop d’érable. Évidemment, entre Gray et Valentine, l’amitié ne dit pas son nom, et les soirées que la jeune femme passe hors de chez elle, écorchent délicieusement le cœur du policier.
D’une famille monoparentale et d’un jeune flic, Yves Hughes fait naître une tendresse juste (sans pose et sans effet de manche). Ce qui passe entre ces trois personnages suffit à nous faire poursuivre la lecture. Ajoutez à cela Mamounette, la mère exubérante de Valentine, passionnée de bridge, Haïku ou corridas et qui roule en Jaguar et vous avez réellement une famille à la Malaussène. Avec cette quatrième enquête de l’inspecteur Gray, il est vrai que Pennac et Hughes sont presque cousins…

Sale Temps
Yves Hughes

Page noire / Gallimard
180 pages, 34 FF

En quête d’une famille Par Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°27 , août 1999.
LMDA PDF n°27
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