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Domaine français Jeanne deux fois censurée

octobre 1999 | Le Matricule des Anges n°28 | par Thierry Guichard

Ceux que la réputation scandaleuse du livre attire seront bien déçus par Jeanne la pudeur. Censuré dès sa parution en 1964, le roman pourrait sans mal être mis entre toutes les mains tant il paraît certain que beaucoup le laisseront tomber. Non parce que Nicolas Genka aborde (métaphoriquement) aux rives de la pédophilie mais à cause de son style, ampoulé, lyrique autant que chaotique, polymorphique et sanguin. Il n’est pas sûr, d’ailleurs, que le roman supporte si bien le poids des ans. On trébuche, on achoppe sans cesse sur des images qui croient un peu trop à la force des mots : « Il aura des glaïeuls dans la tête et l’amour, l’amour pomme vivante enfermé dans la paume, et les yeux arrachés et le ver dans le cœur. » On pense parfois à une mauvaise digestion de Lautréamont, notamment quand on lit la mort de Nénesse, une araignée ex-amie du curé de l’histoire.
Pourtant, il y a dans ce deuxième roman, de véritables moments de réussite. En racontant l’histoire de la fille d’un homme scandaleux, exilée à Paris et qui revient au village au bras d’un grand soldat noir américain (surnommé méchamment par le village, « Go home »), Genka excelle dans les scènes les plus réalistes. La vie de bistrot, la confrontation entre la détresse magnifique de Jeanne et la stupidité des refoulés bouseux, sont croquées par un œil lucide et une plume cruelle. Ces scènes-là sont trop rares, comme si l’écrivain voulait s’en extraire et leur opposer la Rédemption d’un style qui tutoierait les éléments, les cieux et pourquoi pas les dieux.
Le seul scandale du livre réside alors dans sa médiatisation par un éditeur qui, ne l’ayant pas sauvé de la censure (Exils éditeurs l’avaient fait avant), le plonge dans la sensure (l’absence de sens selon la définition de Bernard Noël). Résultat : tout le monde parle de l’affaire Genka et personne n’évoque le livre. Les temps ne changent pas beaucoup.

Jeanne la pudeur
Nicolas Genka

Flammarion
191 pages, 90 FF

Jeanne deux fois censurée Par Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°28 , octobre 1999.
LMDA PDF n°28
4,00