Philippe Claudel, remarqué il y a peu pour Meuse l’oubli chez Balland, livre un touchant petit roman, discret, mélancolique. Un bistro, « enclave oubliée » par l’étau de nos sociétés surveillées, est le théâtre de l’enfance heureuse d’un garçon, en compagnie du tenancier, son grand-père. Un cercle s’est formé : on y boit sec, entre habitués, tentant d’éponger les blessures de chacun qui ne se disent mais que l’enfant pressent. Dans une prose nette, polie comme un zinc par le temps, Philippe Claudel rend bien la poésie des assommoirs qui sont autant un lieu d’oubli qu’un petit paradis vu par des yeux d’enfant. La finesse et la sensibilité d’un regard à la Calet traverse ces pages. Un temps, bistro et roman semblent se confondre, miroir l’un de l’autre, atypiques, hors du temps et des jougs modernes : qu’on les laisse et fasse vivre. (Avec en contrepoint de belles photos de Jean-Paul Marchetti).
La Dragonne
102 pages, 79 FF
Domaine français Le Café de l’Excelsior
janvier 2000 | Le Matricule des Anges n°29
| par
Pierre Hild
Un livre
Le Café de l’Excelsior
Par
Pierre Hild
Le Matricule des Anges n°29
, janvier 2000.