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Domaine étranger De l’intime au mythique

juillet 2000 | Le Matricule des Anges n°31 | par Dominique Aussenac

Réédition du troisième ouvrage de Lídia Jorge, qui conte les tribulations-transformations d’une madone moderne. Féministe, animiste, sans dieu.

La Forêt dans le fleuve

Les romans de Lídia Jorge donnent souvent l’impression d’être tissés. Luxuriance, enchevêtrement des thèmes, polyphonies, apparition récurrente ou mise en écho de tel ou tel motif, multiples possibilités de lectures créent à l’intérieur du récit des reliefs, des textures, des couleurs singulières, semblables à celles d’une tapisserie. Issus de sa formation intellectuelle, les thèmes de prédilection de l’écrivain lisboète entremêlent rapport à l’intime et rapport au groupe, du transport des âmes (elle les fait voleter admirablement) jusqu’aux transformations du Portugal (exil, émigrations, colonies, nostalgie du grand Empire, invasion du tourisme).
Née en 1946 à Boliqueime dans l’Algarve, Lídia Jorge est diplômée de philologie romane, matière tombée aujourd’hui en désuétude du fait de l’émergence du structuralisme ou de l’immensité et de la richesse de ses champs d’investigation. La philologie se fonde sur l’idée qu’une société se rassemble autour du langage et vise à saisir dans ses manifestations linguistiques, le génie d’un peuple ou d’une civilisation et son évolution culturelle.
La Forêt dans le fleuve, ouvrage réédité (Albin Michel, 1988) déroule une singulière et superbe tapisserie de Bayeux relatant les mille faits de l’intime, la déconstruction et la structuration d’une personnalité : celle d’Anabella, jeune veuve avec enfant. Plutôt jeune vierge à l’enfant, pendant moderne d’une trilogie dépassée père, fils, saint-esprit, célébrant la mort de Dieu et le déclin du mâle dominateur. Lídia Jorge aime à ponctuer ses œuvres de références mythiques ou bibliques.
Innocente, ouverte au monde, Anabella éprouve une immense fascination pour Cravo, femme conquérante qui se prostitue pour payer ses études d’avocat. Elle plonge dans son sillage, jusqu’à oublier son enfant qui par une tentative de suicide, lui fera rouvrir les yeux. Anabella apprendra à dire non et ainsi à devenir elle-même. « Ici, lorsque je te regarde, avec un gosse dont tu portes le cordon ombilical dans la tête, je te vois clouée au sol et tu me forces à penser que la vie n’a ni histoire, ni gloire, ni raison d’être. »
Plus qu’une éducation sentimentale, La Forêt dans le fleuve propose un parcours initiatique à travers lequel Anabella découvre le monde, les hommes, l’art pour enfin communier avec la beauté, l’amour, le frôlement des âmes.
Dans la narration s’insèrent les pages d’un journal intime postérieur au récit évoquant la maladie-suicide de Joia, ce qui dans un premier temps désoriente le lecteur et engendre une impression de mystère que la ville de Lisbonne, ses quartiers, la nuit, la proximité du fleuve et de l’océan renforcent. Ce texte dans le texte, cette intertextualité toujours très présente dans les ouvrages de Lídia Jorge correspond admirablement à la définition du critique Mikhaïl Bakhtine : « Tout texte se situe à la jonction de plusieurs textes dont il est à la fois la relecture, l’accentuation, la condensation, le déplacement et la profondeur. » Entre Antiquité et monde moderne, la plume de Lídia Jorge n’en finit pas de tisser mythes et magie d’aujourd’hui.

La Forêt dans le fleuve
Lídia Jorge

Traduit du portugais par
Anne Viennot
Métailié
390 pages, 72 FF

De l’intime au mythique Par Dominique Aussenac
Le Matricule des Anges n°31 , juillet 2000.
LMDA PDF n°31
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