Parangon du dandy décadent, M. de Phocas (1901), alias le duc de Fréneuse, est l’un des plus fameux personnages de Jean Lorrain (Paul Duval dit, 1855-1906), écrivain à scandales, éthéromane et plagiaire maintes fois signalé. Proposé dans une édition méticuleuse d’Hélène Zinck, le roman gorgé d’opium et décoré d’émeraudes est une belle pièce de la littérature décadente. Maniant l’équivoque, Lorrain décrit à travers le journal de Phocas la déchéance du jeune duc aux nerfs sensibles, fasciné par le trouble Claudius Éthal qu’il finira par assassiner. « Cet Éthal ! Il souriait comme en extase, et je me sentais exaspéré de haine pour tout le mal qu’il avait déjà fait. » Publié dans le sillage du maître-livre de Huysmans, À rebours, M. de Phocas est aussi une fabrique de littérature. Comme le montre Hélène Zinck, le journal de Fréneuse-Phocas est une mine d’emprunts et de citations de Gide, Eekhoud, Louÿs, Musset, Barbey d’Aurevilly… Le cut-up ne date pas d’hier.
M. de Phocas
Jean Lorrain
Garnier-Flammarion
342 pages, 44 FF (6,71 €)
Histoire littéraire M. de Phocas
septembre 2001 | Le Matricule des Anges n°36
| par
Éric Dussert
Un livre
M. de Phocas
Par
Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°36
, septembre 2001.